Grand Som depuis le col du Cucheron

Toujours pas découragé par les conditions aléatoires de ces derniers jours, je repars pour la classique des classiques, le Grand Som par le Recapé. J'aime bien cette montée, elle n'est jamais monotone. La neige est revenue sur les hauteurs mais sans conséquences pour la progression. En effet seuls les quelques vieux névés offrent une ou deux barrières de résistance, mais avec un bon coup de tatane dans la neige, les marches sont vite confortables et les trois congères un peu raides se passent facilement.

Au col des des Aures c'est le coup au moral : un vent du nord bien présent, néanmoins j'ai encore dans la tête le graphique de la météo : le vent ne doit pas croitre avec l'altitude, alors on espère fort que ce vent est dû à un effet venturi et on poursuit vers le haut.... Dans le Recapé, le thermique complique encore la donne et les rafales désordonnées finissent de me mettre le moral dans les chaussettes.

C'est à la sortie du raidillon, sur la prairie terminale que la bonne nouvelle est tombée. Peu de vent sur le sommet ! Autant il est désespérant de voir les conditions forcir avec l'altitude, autant la perspective d'un vol, pourtant mal engagé mais s'annonçant soudainement possible, me remplit d'une joie ineffable. Je galope donc vers la cime à me faire exploser la cage thoracique et j'embrasse le paysage au sommet en guise de remerciements. C'est la joie de vivre totale, un peu comme ce tube de Amadou et Mariam, que je découvre cette semaine « Sabali ». Je n'ai jamais entendu une musique aussi heureuse et pourtant si basique et simple. C'est un patchwork de couleurs avec une voix extraordinairement joyeuse, le bonheur à l'état pur.

J'étale la voile en la maintenant fermement au sol par des boules de neige sur le bord de fuite et une fois prêt je me jette dans le gaz avec délectation. La masse d'air est tout de même remuante avec ce vent du nord présent en basses couches. Je fais l'impasse sur les thermiques sous le vent et me remplis les poumons de cet air limpide et lumineux.

La remontée en stop est faite d'une seule traite jusqu'au col de Cucheron, dans la première voiture qui passe, accompagné par la voix délicieuse de Gaétan Roussel à fond dans la caisse, décidément j'ai de la chance aujourd'hui !