Ô solitude (avec l'accent Anglais)
Je n'aurai pas vu grand monde aujourd'hui, un chasseur posté au Col des Aures, dont la particularité est d'être jeune, très jeune, cela pourrait être mon fils.... Je croyais cette discipline réservée aux anciens, mais non, des jeunes sont encore attirés par ces pratiques d'un autre age. Il est équipé d'une machine de guerre impressionnante, un nameurless comme dirait Pagnol. Nous échangeons quelques mots mais le traqueur guette sa proie, le dialogue n'est plus possible, c'est entre lui et sa cible,un chamois semble t'il. Je poursuis ma route, non sans prendre soin de faire un peu de bruit,une bouteille plastique oubliée par un porc me donne l'occasion d'être bruyant, je la comprime brutalement dans un bruit de plastique écrasé et la fourre dans mon sac, au moins la montagne sera plus propre derrière moi.
Une légère brise vient du sud, ce qui n'est pas vraiment bon pour le décollage, mais plus on monte et plus la brise thermique prend le dessus sur tout autre courant d'air. Au sommet, seulement troublé par ma présence règne une douce quiétude que rien ne vient ternir. Mais au niveau du décollage, la brise est inconstante, elle change de direction avec parfois des rafales sinon fortes du moins conséquentes. Des tourbillons passent régulièrement, s'ils ne transportent aucune poussière, ils véhiculent cependant quantité de brins d'herbes et de feuilles mortes. Il doit y avoir des thermiques. Sans me presser je me prépare pendant une accalmie, avec un peu de chance le vol devrait être magique comme il m'est déjà arrivé ici à www.bivouak.net/topos/course-id_course-1413-id_sortie-3543-id_sport-16.html.
A la faveur d'une bonne rafale, la voile se gonfle bien symétrique, l'envol peut avoir lieu. En l'air ça bouge pas mal, mais impossible de centrer quoi que ce soit, c'est seulement sur la pointe de la Suiffière que j'arrive péniblement à enrouler dans du +1, c'est misérable, tout au plus vais-je retarder l'heure de l'atterro, mais impossible de remonter. Au bout d'un moment je lâche l'affaire et me concentre sur l'essentiel, le paysage qui défile maintenant sous mes pieds. La lumière est éblouissante et l'air limpide, à l'horizon se découpe une épaisse et sombre couche de brume traversée ici et là par de fiers sommets. Finalement je n'aurais pu faire qu'une dizaine de tours dans de faibles thermiques désorganisés, maintenant à la mi octobre c'est pas vraiment étonnant. En milieu d'après-midi ce sera sans doute meilleur, en attendant je me pose à Bernière où une nouvelle et rutilante Fiat 500 rouge cerise me prend en charge, c'est la fromagère de Saint Pierre, elle fera gentiment le crochet jusqu'au col de Cucheron.