Pas de vent et grand beau, hier soir il me prend la lubie d'aller dans Belledonne, tout est mis en place pour le col du Loup sauf qu'en arrivant au pied du massif, j'avais oublié combien la neige est encore épaisse au-dessus de 2000 m. Pas question d'y aller en petites chaussures, du coup on se rabat sur du classique, Orionde, 2041 m, ça ne devrait pas être trop enneigé. Pour changer nous passons par un chemin inconnu en versant Sud-Ouest pour éviter les derniers névés. Bonne pioche on ne met pratiquement pas les pieds dans la neige.
Là-haut nous sommes seuls au monde, pas la moindre présence humaine alors que des dizaines de petits papillons s'égrènent sur les falaises de Chartreuse juste en face de nous. Il règne sur notre sommet une tranquillité absolue, il faut juste trouver la pente idéale pour étendre nos parapentes. Vers le nord c'est plein de neige, vers l'ouest y a pas de vent, une légère brise thermique naissante sur le versant opposé génère quelques coups de vent. Reste la petite face sud juste à côté du col du Raffour. Elle commence à peine à prendre le soleil et la brise y est parfaite. Ce sera donc là le début de notre retour par les airs.
Décollage facile, thermique encore doux sur les coups de onze heures, ça monte jusqu'au nuage, juste au-dessus d'Orionde la belle. Quel bonheur de tenir sur le sommet dans une solitude absolue alors qu'en face ils doivent être une centaine ! Nous filons bientôt vers La Boutière où tout est parfaitement organisé pour nous recevoir, arbres gênants fraichement tronçonnés, prairie fauchée , clôture ouverte, on ne peut pas faire plus accueillant. Et toujours personne à l'horizon, moi qui suis agoraphobe, c'est idéal ! Pour prolonger un peu cette solitude propice à l'introspection, nous installons le pique-nique sur le petit parking face aux magnifiques sommets de Belledonne complètement couverts de glace.
En face à Saint Hilaire, ils doivent être 30 dans chaque ascendance, ça doit jurer dans tous les sens ! De notre côté, nous n'aurons vu que les six gardiens d'Orionde, immobiles et fièrement dressés dans la forêt de hêtres.