Il y a beaucoup plus de neige que prévu !
Ma petite visite au Grand Replomb ayant été ajournée l'an passée, j'y vais ce matin avec plaisir. Partir de la Gorge n'est pas l'itinéraire le plus joli mais quand on est seul c'est bien commode d'atterrir à coté de la voiture. Alors en avant pour une séquence frisson avec un départ au fond de la gorge, dans le noir le plus complet. Peu après le départ, un rapace juste au dessus de moi pousse un cri strident qui me flanque une frousse terrible. J'ai beau me raisonner, rien n'y fait : j'ai peur du noir.
Toute plaisanterie mise à part je suis bien content de voir le jour arriver, surtout pour constater les dégâts dans le vallon. C'est vraiment bien défoncé avant d'atteindre la prise d'eau. La neige apparaît déjà vers 1300 m pour ensuite vite devenir épaisse, mais il y a une vieille trace. Hélas elle s'arrête net au pont du Mousset. J'en suis donc réduit à jouer les traçausaures. Loïc me manque toujours beaucoup dans ces moments là ! La dernière pente avant le refuge est une vraie galère. C'est pas qu'il y a encore beaucoup de neige mais quand même, sa consistance est médiocre et je peine à la tache.
Au refuge j'ai vraiment envie d'arrêter, j'ai encore à l'esprit cette sortie il n'y a pas si longtemps où Loïc, Nini et moi voulions faire la cime du Vallon dans la journée. Des quantités importantes de neige et le froid d'octobre avaient eu raison de mes amis. Et moi, me croyant invincible, j'avais tenté de poursuivre. Après une heure dans le rouge complet, j'avais finalement jeté l'éponge avant de couler une méchante bielle en redescendant au refuge, on a tous cru que je ressortirais du refuge les pieds devant. Depuis, je ne me mets plus au taquet, c'est préférable.
Donc toute cette neige, si elle en excite plus d'un, à plutôt tendance à me décourager. Je poursuis au dessus du refuge, plus du tout motivé, Ah si mon traçausaure était là , il est probable que nous serions au sommet. Je renonce sur le plateau et attends que la brise daigne se mettre dans le bon sens car pour l'instant c'est une belle dégueulante interdisant tout décollage. Cependant je repère une belle pente bien exposée, ce doit être le passage de Jasse Mouton. Comme l'attente m'ennuie, je repars dans cette pente ensoleillée et petit à petit j'arrive au passage. J'ai prié pendant ce dernier effort pour que le col soit propice au vol et j'ai été entendu, une belle pente au nord remplie de neige pulvérulente m'attend.
Étaler la voile dans 30 cm de poudre serait facile si cette dernière n'avait pas la fâcheuse tendance à glisser et se ratatiner tout contre moi, la brise est nulle ou très légèrement descendante. Agacé, je ne prends aucune précaution aussi est il normal que je rate un départ, avec un beau roulé-boulé dans la neige fraiche, j'en ressors comme un bonhomme de neige. Mais cette échec ne me refroidit pas, je me détache pour installer la voile dans les règles de l'art et après une petite course impeccable je décolle sur cet horrible pierrier heureusement recouvert de poudreuse.
Ce vole me permet de découvrir Jasse mouton, c'est magnifique, avec cette neige les Aiguilles du Jasse prennent des allures terrifiantes. Finalement un beau vol. je prends soin à l'attéro de poser la voile sur le nouveau parking plutôt que dans l'herbe gorgée de rosée, peine perdue, les caissons sont encombrés de poudreuse, je suis bon pour une séance de séchage à la maison.
Aujourd'hui je n'ai pas fais le sommet, mais cette anté-cime est finalement une belle alternative au Grand Replomb (possible seulement avec de la neige car ce doit être en dessous un pierrier agressif)