Rien de tel qu'une petite randonnée matinale pour fuir la chaleur écrasante de la cuvette grenobloise. Perdue au-dessus du Fond de France, la Croix de Chaurionde est accessible par un sentier agréable se faufilant d'abord en sous-bois avant de suivre un vallon vert et moussu rempli de sources d'où s'échappe une eau fraîche et limpide. Son exposition nord est idéale pour ceux qui fuient la canicule actuelle, pourtant nous ne sommes pas bien nombreux, nous ne croiserons que cinq jeunes filles et pas un seul homme !
La randonnée est magnifique avec une ambiance qui n'est pas sans rappeler les Pyrénées. Le ciel ce matin uniformément bleu se pare de jolis cumulus donnant une dimension théâtrale au paysage. Moins fun, un hélicoptère commence à faire des rotations avec un plan de vol identique à celui que nous projetons en parapente... les boules ! Heureusement pour nous après une dizaine d'aller-retours il disparaît dans le paysage. De notre côté il s'agit maintenant de quitter le petit sentier pour rejoindre la croix directement par un couloir très raide, le remonter est un sacerdoce. En plus d'être abrupt, il commence par un pierrier branlant avant de se terminer par une pente encore plus raide couverte d'une herbe épaisse et trempée terriblement glissante. Chute interdite.
En plein effort notre ami Pyrénéen s'exclame, ça püje ce couloir ! Le dictionnaire du patois luchonnais nous éclairera sur la signification de ce verbe en page 415, en bref ça monte fort ! En attendant il faut progresser sans se casser la gueule, on s'agrippe aux touffes d'herbe grasse tout en cherchant les traces de chamois permettant de poser nos pieds sans glisser. Après une bonne suée malgré la fraîcheur ambiante, nous atteignons enfin le plateau où la croix est plantée, le contraste entre les lignes fuyantes du couloir d'accès et la sérénité du plateau est surprenant, c'est d'une beauté lyrique, comme la montagne entourée de flammes où Brunehilde est endormie.
S'envoler d'un tel sommet entre les cumulus bourgeonnants est un pur moment de grâce. Tout en bas dans la vallée brille un petit lac entouré de sombres épicéas, c'est de toute beauté. Seul bémol à la descente, le thermique que j'avais promis, au-dessus de la route qui même au Pleney n'est absolument pas au rendez-vous... Trop tôt peut-être !
Quant à l'atterrissage, le superbe champ de la grange est fauché, la brise montante déjà bien établie, le toucher de terrain est presque un jeu d'enfant !