Le fort vent du sud me fait opter pour une sortie avec les planches. Comme la couverture nuageuse prévue devrait empêcher le dégel, je reste dubitatif sur l'objectif à caser dans la matinée. En passant au col de Porte, les rafales et la neige glacée m'ont découragé pour le Chamechaude, alors va pour la Scia, mais avec un départ de Saint Pierre, c'est le minimum.
Déception en arrivant sur le Plan de Ville, il n'y a plus un gramme de neige... Cependant il m'en faut plus pour me décourager, alors les skis sont ficelés sur le sac et en avant la musique ! Monter sur la prairie n'est pas désagréable, c'est délicieusement tendre sous la semelle. A vrai dire certaines parties ombragées sont encore enneigées, j'ai bon espoir de glisser plus que je ne l'espérais. Mais trêve de réflexions, la croix sommitale m'attend là-haut. Les nuages de haute altitude annoncés se montrent bien discrets, ce n'est pas plus mal car la glace ici et là est particulièrement dure, elle aurait bien besoin d'être attendrie. En passant sur le versant de la Combe de l'Ours une petite déception m'attend, le télésiège est en fonction, c'est bien pour la station, c'est moins bien pour ma solitude, mais peu importe.
Cahin-caha, j'arrive bientôt à la croix de la Scia. Un petit coup d'œil circulaire, une barre chocolatée et il est l'heure de descendre. Après avoir dévalé le Creux de la Neige, pourquoi ne pas s'offrir un petit supplément puisque le sommet de la Scia est bicéphale ? Et en allant toucher le Bec plus au sud, j'arrondis la dénivellation au millier de mètres ! Aussitôt dit aussitôt fait, le vent sur l'arête sud est sensible sans être infernal. Il n'y a plus qu'à dévaler les pentes juste ramollies.
Le haut des pistes damées est vite envoyé, en revanche la fonte des neiges en basse altitude complique un peu le parcours. Le challenge consiste à ne pas déchausser les skis et si possible sans y laisser la semelle de mes nouvelles planches. Au prix d'une soixantaine de mètres de "grass-skiing" en quatre parties, j'arriverai tout en bas de la station par une trace n'ayant que la logique de la succession de névés encore présents. C'est parfois un peu tarabiscoté, étrange et saugrenu mais ça fonctionne parfaitement. Avec le sirroco qui souffle, le challenge risque d'être rapidement impossible.
Voilà une descente au tracé pour le moins loufoque, mais c'est à cette seule condition que l'on peut skier jusqu'à Saint Pierre !