Orionde... la belle me semblait ce matin la seule destination où le port d'un parapente sur le dos durant la montée pouvait être le moins incongru... avoir comme objectif une étoile est une motivation infaillible, cependant compte tenu du vent qui souffle sur la Dent de Crolles, coiffée d'une casquette de brume filandreuse et des lenticulaires au dessus de Belledonne, il me semble judicieux de laisser la voiture au plus haut,de façon à ne pas en avoir trop à redescendre à pied... rêveur certes mais les pieds sur terre !
C'est ainsi que je démarre de Pré Marcel, l'endroit est enchanteur, un tapis vert d'herbes naissantes scintille de rosée, le ciel est limpide, comme lavé de toutes ses impuretés, le silence lui même paraît vivant, il n'est troublé que par quelques oiseaux qui s'ébrouent dans une flaque translucide. Le plaisir d’être là est immédiat... Bon un peu plus haut, quand la neige est devenue la seule issue, j'ai trouvé ça beaucoup moins rigolo... on s'enfonce à chaque pas, j'ai des grolles tige basse et pas de guêtres... Il s'agit de trouver une solution sinon,je ne vais jamais y arriver !
Pourtant il faut monter, le vent est insignifiant et rassurant, il souffle doucement du Sud... Le Sud! oui c'est ça, il faut traverser à flanc pour rejoindre les pentes sud qui sont au soleil. Après une pénible traversée, effectivement on rejoint des pentes entièrement déneigées. Alors sans trop se presser les derniers buissons de rhododendrons ont été contournés par des nombreuses sentes à moutons jusqu'au sommet. Pendant ce temps les nuages se sont invités sur les sommets, ils cachent déjà les plus hautes cimes tout en restant gentiment confinés sur l'intérieur du massif. Plus bas des grands feux de bucherons permettent de matérialiser la masse d'air encore immobile. Pourtant durant la préparation, l'inclinaison des colonnes tendent à montrer un possible renforcement du vent. En tout cas il n'est pas encore trop fort ici.
Malgré une préparation minutieuse, je m'envole avec une petite clé dans les suspentes, il faut dire que les épissures des ficelles commencent à prendre des allures de cactus... signe d'un vieillissement perceptible, il est de la voile comme de toutes choses hélas. En tout cas ces voiles performantes sont réglées au millimètre car cette minuscule clé dégrade sérieusement les performances, alors je maintiens artificiellement le cap tout en tirant la ficelle incriminée... Paf, la clé disparaît tout d'un coup et je retrouve les qualités habituelles de mon fidèle aéronef. La première partie du vol est calme, mais à hauteur du col j'entre dans une masse d'air beaucoup plus remuante, une petite série de virages me permettra d'écourter cette dernière partie peu plaisante.
A la Boutière c'est bien beau mais il faut remonter la voiture qui est tout en haut de la forêt, la circulation est insignifiante, ce n'est que trois cents mètres avant le col des Mouilles que passe une voiture, elle me prend jusqu'au col. En descendant de la voiture je reconnais Anny en grande discussion avec un coureur, c'est Hervé! Cela ne fait pas trois minutes que nous bavardons qu'un cycliste s'arrête à notre hauteur, c'est Sept-Laux ! Incroyable quatre bivouakeurs au col sans se concerter !
C'est pas le tout, mais chacun doit retourner à ses occupations, qui à ses plantations de patates, qui au rotofil à passer dans le jardin, qui à terminer le tour cycliste du balcon de Belledonne.... Pour ma part il me reste encore une heure de marche pour retrouver la caisse à Pré Marcel, j'abandonne l'idée du stop, il est midi et y a pas un chat. Finalement je trouve un joli petit chemin après avoir un peu galéré dans une coupe à blanc. Voilà une matinée bien remplie sous la protection des www.bivouak.net/album_photos/photos.php?id=27340&id_sport=16