La perturbation s'évacue lentement, laissant derrière elle un ciel de traîne encombré de nuages humides. A vrai dire Hélène et moi n'y croyions pas trop en démarrant la marche. En effet tous les sommets sont pris dans un brouillard tenace, y compris notre objectif mais l'envie de marcher, de respirer les senteurs musquées de ce premier jour de l'automne est trop tentante. S'enivrer des lourdes fragrances de la verdure qui jaunit doucement, guetter les premières feuilles mortes qui tournoient dans la douce brise venue du nord, voilà qui est plaisant !
Une bonne nouvelle nous attend au col, la brise est parfaite pour décoller, sa fraîcheur excessive laisse à penser que l'instabilité sera forte, propice aux ascendances malgré le couvercle de nuages qui occulte le soleil. Mais surtout c'est l'absence de toute brume sur notre sommet qui nous rend badins, notre envol est garanti. Alors nous rejoignons le décollage l'esprit serein, heureux du vol qui s'annonce !
Sur le terrain de décollage tout est parfait, l'herbe est encore bien humide des pluies de la veille mais tout le reste est ideal. Hélène s'envole facilement dans un ciel pourtant couvert au dessus de nous. Bientôt je la rejoins et commence alors une valse que nous n'espérions pas, de douces ascendances nous retiennent dans le ciel sans la moindre turbulence, nous sommes hilares, joyeux et heureux d'être là sans avoir à crier Xaaaanaaaax ! Tourner et retourner en centrant le thermique doux est une jubilation, une gourmandise à consommer sans retenue !
Une fois rassasiés du paysage et saoulés de nos circonvolutions aériennes, nous filons nous poser, pleinement satisfaits de cette matinée pourtant peu engageante en arrivant.
De la gourmandise on vous dit !