Il y a des choses dont il n’est pas possible de se lasser, la montagne par exemple, elle surplombe la ville de Grenoble et nous invite à la parcourir de toutes les façons imaginables. Si ma douce est partie à la chasse aux cols en bécane, de mon côté, l’appel de l’air est trop grand. N’ayant pas le don d’ubiquité, il a bien fallu choisir voile ou moto ? C’est le chiffon qui a gagné !
En hiver le choix des possibles se réduit drastiquement aussi c’est encore une fois vers le Col du Baure que je dirige mes pas, pour varier, c’est par le château de Craponoz qu’il faut grimper à travers les falaises pour arriver enfin au col du Baure après une marche de plus de sept bornes dans une campagne décharnée et figée par le froid de janvier. Le vent, les nuages, les saisons apportent d’infinies variations à cette balade faite et refaite à mainte reprises. Le vent par exemple, calme aujourd’hui mais mal orienté au décollage. Alors que d’autres parapentistes présents au col attendent depuis longtemps une hypothétique amélioration, j’étale la voile de suite sans même réfléchir. En arrivant, j’ai vu la flamme se tourner une courte fois dans le bon sens, statistiquement, cela doit se reproduire. Les autres me regardent effarés, il va quand même pas décoller vent de cul ?
Hé bien tenez vous bien, comme par magie, à peine ai-je terminé la préparation qu’une petite bouffe de face a fait virer la flamme dans le bon sens.... et j’ai décollé.... bon d’accord ce fut un peu laborieux, il a fallu courir comme un dératé dans la pente et les cimes des arbres au bout du champ m’ont paru subitement bien proches et surtout agressives. La suite en revanche n’a été que luxe, calme et volupté. Tout ça pour dire que ces infimes variations sur le même parcours empêchent toute lassitude, un peu comme la musique répétitive de Phil Glass, Metamorphosis* : toujours pareille, mais jamais ennuyeuse en raison de ses subtiles variations.
*Le divin corpus des 230 cantates de Bach aurait tout aussi bien pu servir d’exemple !