Les Anges de La Salette
Le ciel est limpide, nettoyé des pluies d'hier qui ont dû être diluviennes si l'on en juge à l'humidité ambiante, les sentiers sont terriblement glissants. Nous voilà partis Nicolas et moi pour le Chamoux, sommet emblématique de la Salette. Il domine outrageusement le sanctuaire comme un pantocreator grec dans une chapelle orthodoxe. Mais pour y arriver par le nord, le chemin de croix est semé d'embûches, faut se le gagner.
Peu après le départ un énorme éboulement a fait disparaître le sentier, heureusement avec un peu de flair et de la perspicacité, nous progressons vers le sommet. Après les éboulements, la nature nous inflige une autre épreuve, les arbres abattus sur le sentier.... Il fallait nous voir à quatre pattes entre les branches, précédé du gros sac qui ne passe pas sur le dos, une gymnastique rendue délicate par l'âge de nos artères....
Finalement le col est atteint, le calme relatif est bon signe, poursuivons la fin du parcours par une arête aérienne et splendide. Au sommet, 1300 m plus haut, la quiétude est totale, les matines du sanctuaire résonnent encore sur les flancs de la montagne, il ne reste plus qu'à décoller. L'entreprise est un peu périlleuse, le seul vent sensible est celui du thermique qui balaye la face est.... Du mauvais côté du sommet. Il s'agit de faire preuve d'un peu d'imagination, cette petite dépression dans le relief par exemple, favorise une petite brise bien orientée du faible vent météo. Nicolas resté au sommet me renseigne sur la pernicieuse brise orientale. Au premier essai la voile refuse l'obstacle elle monte mollement sans retenue... Raté.
Après avoir tout ré-étalé, deuxième essai.... qui est le bon. La voile pivote au dessus de moi, ferme et tendue dans le vent... En avant Go... Sublimes instants face à l'apesanteur, le vol commence au dessus du divin sanctuaire, avec les anges échappés de la grande fresque d'Arcabas . Après avoir suivi la longue crête où de petites fourmis montagnardes s'échinent maintenant à nous suivre, il faut basculer sur le versant nord et sombre. Pour les thermiques on repassera, atterrissage tranquille à Entraigues où les champs commencent à être fauchés. Une belle balade en vérité qui vous regonfle un moteur usagé.