.
Une collective bivouak !
Trois personnes à bord de la voiture roulent dans l'obscurité vers le chazelet,les étoiles brillent dans une nuit noire d'encre assez surprenante.... Les jours raccourcissent, voila une certitude. C'est ainsi que nous nous garons sur un parking glauque à souhait au bout de la route, au milieu d'une campagne en chantier où les bulldozers ont tout défoncé... Le paysage sous l'aube à peine naissante n'est absolument pas conforme à nos espérances, rien pour atterrir, un vrai champ de bataille... Après un petit tour entre les monceaux de terres, nous trouvons un terrain à peu près potable. Une flamme est plantée et en avant la musique.
La balade commence par une descente, un fois le Pont Neuf du Pertus traversé nous attaquons la montée. Le jour est enfin là mais une brise descente et vigoureuse entretien une fraîcheur toute matinale. Cette balade est un long parcours de crête dans une cadre exceptionnel. Derrière nous s'allument les grandes faces nord d'un décor unique. Le mur de Rocs et de glace se dresse immense comme le rempart d'un pays inconnu aux secrets bien gardés. Devant nous se dévoile peu à peu les régions septentrionales, le Goléon d'abord, l'Etendard ensuite, et pour finir, dressées comme des flèches vers le ciel, les Aiguilles d'Arves en ombres chinoises, juste à côté d'un Mont Blanc éblouissant.
Évidemment dans un cadre pareil on ne s'ennuie pas. La montée bien que longue, parait intemporelle. Bientôt la Petite Buffe est atteinte. Sommet parfait pour prendre son envol. Déjà la finesse semble grande pour rejoindre l'atterro, mais la longue crête quasiment horizontale pour rejoindre le Pic Sud de la grande Buffe plus au nord suscite bien des interrogations... C'est trop loin pour nos planeurs de chiffons. Néanmoins nous sommes venus pour ce sommet alors nous reprenons notre longue cavalcade entre ciel et terre. Une bonne petite brise venue des pentes ensoleillées devrait favoriser le parcours aérien depuis le sommet, à peine plus haut et pourtant distant de plusieurs kilomètres.
C'est en arrivant sur notre objectif qu'il a bien fallu admettre que nous ne pourrons pas y décoller. Une pente parfaite s'offre à nous, mais le vent est carrément mal orienté. Eric cherche une pente favorable mais je ne vois que des pierriers impropres à nos chiffons. Dans ces cas là , inutile d'attendre une hypothétique amélioration d'autant plus que nous avons traversé mille et une pistes d'envol parfaitement opérationnelles. Demi tour droite. Oh nous n'avons pas beaucoup rebroussé chemin, dès la première pente potable - 79 m sous le sommet - nous avons étalé nos voiles. Chacun dans le ciel aura tracé une trajectoire différente, Luc se tient au projet initial, se poser en dessous de la Petite Buffe pour y remonter et assurée la fin du vol, Eric se bat bec et ongles dans les thermiques naissants et se pose sur la crête un peu avant la Petite Buffe, quant à moi, l'heureux propriétaire d'une voile flambant neuve, je profite outrageusement de mon avantage et parcours toute l'arête au dessus de son fait... Et poursuit d'un trait le vol vers le sud, attiré comme un aimant par la splendide muraille de granit dressée tout au fond du décor. Nous nous retrouverons tous un peu plus tard dans un magnifique terrain que nous n'avions pas vu dans la pénombre du matin.
Le vol depuis le Pic sud de la Buffe d'en haut est d'une beauté sauvage, la grande distance qui sépare le sommet de l'atterro, si elle n'est pas sans susciter des craintes, apporte à la balade un tour unique, c'est un long voyage à cheval sur une crête entrecoupée de beaux thermiques qui sont comme autant de cadeaux venu du ciel. Les paysages sont tellement différents des massifs autours de Grenoble que l'on pourrait se croire sur une autre planète, une terre aux mêmes caractéristiques et pourtant si singulière.
Une seule musique face au grand mur de Glace celle de m.youtube.com/watch?v=w3QW8PVyyNM revue et corrigée par Sigur Ros