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Nous avons bien fait de bouleverser notre planning car la journée fut absolument splendide aujourd'hui, et pour le programme du jour c'était vraiment nécessaire.
Au petit matin notre gîte est noyé dans le brouillard disparaîssant rapidement sitôt que nous roulons en prenant de l'altitude. La route pour Lysebotn est splendide et nous fait penser à l'Islande. Après une petite heure de conduite le parking est en vue, il est au bord du vide et cette sensation va perdurer toute la journée. Pour rejoindre Kjerag, le fameux caillou suspendu, il y a trois heures de marche sur des roches moutonnées assez raides par moment, heureusement les norvégiens ont posé des mains courantes sous forme de longues chaînes. Le sentier traverse ensuite un grand plateau granitique complètement désertique. De nombreux cairns jalonnent le parcours, ils ne nous seront pas d'une grande utilité puisqu'il n'y a pas un nuage sur la montagne, mais on imagine très bien la difficulté à s'orienter en cas de brouillard.
Nous arrivons bientôt à une faille, véritable crevasse dans le socle de granit sur lequel nous évoluons, il suffit de suivre cette gorge pour aboutir sur un petit plateau au bord d'un gouffre. C'est vraiment incroyable, les rives du fjord sont d'une verticalité absolue sur presque mille mètres de hauteur, l'impression de vide est saisissante. Et à côté du plateau, une petite vire pas plus large que deux semelles de chaussures permet de rejoindre le caillou coincé dans la falaise. S'il n'y a aucune difficulté technique, l'impression de vide est particulièrement angoissante. Il s'agit de ne pas avoir de lacet défait avant de s'engager sur la vire étroite.
En vérité je ne pensais pas y aller, néanmoins en s'approchant du bord on voit bien que ce n'est pas technique, alors en prenant bien sa respiration et en limitant mentalement son champ de vision, on fait abstraction de ce vide incroyable qui règne autour de la vire et du caillou coincé. Le plus dur c'est de redescendre du caillou puisqu'il faut sauter pour retourner sur la vire et qu'il n'y a rien pour s'accrocher, la paroi est lisse comme un miroir.
Après cet exercice périlleux un détour au belvédère est obligatoire. Là aussi c'est étrange, il n'y a aucune transition entre le plateau et la falaise, on a l'impression d'être au bord d'un plongeoir, mille mètres au-dessus des eaux miroitantes et calmes du fjord, c'est rare dans les Alpes de voir de tels gouffres. Nous passons un moment à contempler ce paysage unique, mélange de lignes verticales de granit vertigineuses et de lignes horizontales que forme la mer paisible au fond de la vallée. Parfois un bateau coupe la surface uniforme comme une lame de couteau, apportant une touche de civilisation à ce décor minéral.
Au retour nous trouverons sans peine un banc naturel face au fjord permettant de nous asseoir confortablement pour un pique-nique hors du commun dans ce cadre unique et grandiose. Deux ou trois parapentes venus de nulle part apportent un peu de couleur à ce monde minéral. La descente sur les roches moutonnées réclame toute notre attention, c'est qu'il ne faut pas glisser, ça pourrait faire mal. De retour à la bagnole nous empruntons l'incroyable route qui descend en lacets tout au fond du fjord où nous devons dormir, c'est une route à faire en bécane ça ! Comme la route bute sur la falaise, un tunnel en forte pente et perpendiculaire à la paroi permet de franchir l'obstacle (avec un lacet supplémentaire noyé dans la montagne). On aboutit ainsi sur le bout du fjord dans un décor champêtre, agreste et reposant, nous sommes arrivés à Lysebotn.
Le contraste entre le monde minéral des montagnes et la douce verdure des champs est surprenant. Les températures sans être chaudes n'en sont pas moins agréables si bien que, le soleil aidant, nous ne tardons pas à enfiler nos maillots de bain pour plonger dans les eaux vivifiantes du fjord. Par prudence nous envoyons Némo, notre poisson thermomètre, en éclaireur. J'avoue que les treize malheureux degrés annoncés par Némo calment nos ardeurs balnéaires mais ce paysage est tellement beau que nous ne pouvons que plonger dedans, pour nous y fondre.
Voilà une belle journée, ce soir nous dormirons bien, les dix bornes de randonnée sportive nous auront bien fatigués.

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