Enfin une petite lucarne se profile aujourd'hui pour une belle balade en Belledonne, mais il faut faire vite le risque d'orage en début d'après-midi n'est pas négligeable. Aussi mettons nous le réveil sur six heures, et deux heures plus tard nous voilà en marche pour le sommet du Chapotet. On a pris soin de chausser les pompes adaptées à la marche sur la neige mais il faut avouer qu'il n'en reste plus des masses. C'est une belle randonnée qui commence au milieu des conifères avant de se poursuivre sur une large crête. Durant l'ascension le vent nous caresse le côté gauche du visage, nous sommes dubitatifs, il faudra sans doute décoller du côté nord sur un plan de vol que je ne connais pas. Mais plus on approche du sommet moins la direction de la brise semble établie.
Alors que nous en terminons avec la randonnée, nous double un trailer, à cette heure matinale et ici même ce ne peut-être que le Baron du Verneil. Effectivement, il répond à mon apostrophe et c'est bien son blason. Nous échangeons quelques mots avant qu'il ne disparaisse dans le paysage. D'ailleurs il a bien changé le paysage, le ciel tout à l'heure immaculé et d'un bleu limpide est maintenant orné de gigantesques cumulus encore débonnaires. On a bien fait d'être matinal !
Une fois au sommet du Chapotet, un rapide tour d'horizon, tous les massifs sont coiffés de magnifiques nuages bourgeonnants, à l'ouest la Chartreuse est une véritable tarte au citron bien meringuée, au nord les formations cotonneuses sont plus modestes. Quant aux sommets enneigés de Belledonne, il cachent leur tête dans une nuée épaisse aux dégradés de gris impressionnants. On ne va pas trop trainer. La météo ne s'est pas trompée, il n'y a pas un pet de vent. Néanmoins l'instabilité générale de l'atmosphère génère des courants d'air sans direction régulière. Nous allons par acquis de conscience voir au nord. Les clôtures sont encore au sol et ne devraient pas nous gêner mais la brise est bien faible. Alors par curiosité nous allons voir au sud et là c'est la bonne nouvelle, une petite brise de face bien régulière nous incite à déplier les voiles de ce côté de la montagne.
Le décollage est une formalité, la première partie du vol est paisible jusqu'aux contreforts de l'antécime de Ramavoula. Un petit cumulus à l'aplomb du sommet indique clairement la présence d'une ascendance, non seulement elle est bien là mais en plus elle est d'une douceur accueillante. On enroule pour le plaisir. L'atterrissage se fait face à une légère brise venue du nord. Les treize cents mètres de dénivelé à descendre en parapente sont un luxe dont il faut goûter chaque mètre et quand en plus Ramavoula vous prend dans ses bras alors c'est le nirvana.