Sortie : Evasion d'automne

Evasion d'automne

Données de la sortie

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  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • Distance :
  • Participants :
  • 10-11-1999
  • 5
  • 850 m
  • 9 km
  • 2

Le contexte : L'été s'est prolongé jusque début novembre , puis la neige est arrivée soudainement dans la nuit

Ceci est l’histoire de trois passionnés de la montagne ; histoire que chacun d’entre nous a pu vivre déjà. Tout se passe à la fin du siècle dernier, à deux pas de chez nous, dans le massif montagneux du Mercantour.

C’est l’automne, nous sommes au mois de novembre, l’été a tenté une belle évasion : l’été indien a duré plusieurs semaines ; le ciel est bien bleu, il est tendu sans aucune tâche. Depuis quelques jours, sur les sommets, la limpidité du ciel permet de distinguer des panoramas insoupçonnés pour l’habitant de la vallée.Tous les ingrédients sont présents pour augurer une jolie course en montagne. Mais il n’est d’aventure sans composition avec l’imprévu ... et déjà une météorologie incertaine s’annonce, une dépression atmosphérique arrivera dans les prochaines heures. Cette information ne fait que rajouter du piment aux préparatifs de l’expédition, les sacs s’en trouvrent bien remplis, pareils à des cheminées qui trouveront quelques jambes pour les porter.

     Après une nuit de repos, la réalité s’impose par un réveil matinal que nos trois compères auraient voulu repousser quelques heures ... mais il faut bien que rêve s’installe ... Quelques heures plus tard, nous retrouvons nos trois chamois bipèdes sur le premier tronçon de la course. Laissons-nous prendre au jeu en partageant le poids de la besace portée par nos trois compagnons, en cheminant près d’eux dans cette histoire vécue.

    Le temps est au beau fixe, les cimes montagneuses blanchies laissent deviner qu’il a neigé pendant la nuit., peut-être y aura t-il beaucoup de neige par endroits, mais rien sous nos pieds pour l’instant. Cette survenue de neige anime nos propos. Qu’y aura t-il dans les prochaines heures ? Nous le verrons bien ! A chaque heure de marche suffit sa peine. Au moment présent c’est le ravissement de l’esprit qui l’emporte : la scène automnale est splendide. Les rayons du soleil nous éblouissent un court instant à travers les aiguilles colorées des mélèzes, où se marient les tons verts et mordorés.

Une rencontre magique

     Le prix de la visite de cette vaste galerie impressionniste ne se mesure qu’à l’usure de nos chaussures. Voilà que les premières plaques de neige touchent la semelle de nos brodequins graissés. Dès lors, nos yeux sont attirés par le spectacle fascinant d’ombres est de lumières animées en cascades poudreuses étincelantes qui semblent naître de la cime des arbres. Bien que l’hiver approche à grands pas, l’atmosphère qui émane de cette croisée de saison semble être une renaissance : en témoignent les nombreux chamois qui viennent à notre rencontre surpris par notre cheminement inverse. Sur le moment, cette entrevue éphémère paraît magique : les chamois n’étaient-ils pas déifiés par les premiers habitants de ces montagnes ? Les gravures présentes dans la vallée voisine nous le rappellent.

    Ces dieux à cornes semblent vouloir nous parler ... mais peut-être sont-ils simplement surpris par notre présence. Puis, est-il bien raisonnable de s’attarder à bavarder alors qu’il nous reste beaucoup de chemin à parcourir ? Et la neige ne ralentit- elle pas notre progression ? D’un pas en avant qui nous ramène par moment à deux pas en arrière dans de fortes montées !
Bien conscients de cette réalité nous allons combattre le savant mot « hypoglycémie » en ajoutant un peu d’essence dans nos montures. L’élan de gourmandises se justifie alors ! L’habillement aussi est revu et corrigé, c’est la mode d’hiver qu’il nous faut présenter sur une scène un peu spéciale , cotonneuse, le versant nord se retrouve sous un mètre de neige. Pour ne pas tomber de cette scène sous le feu de l’unique projecteur qui tend à perdre sa vigueur, il est vital d’effectuer quelques relevés topographiques ; il est désormais impossible d’emprunter quelque sentier que ce soit et il nous faut traverser des torrents qui n’en portent plus que le nom et quelques lacs qui ont rétréci comme peau de chagrin revêtus d’un écrin hivernal. La course devient longue, la fatigue s’installe, cette fois, un pas dans la neige en vaut dix, le poids du matériel résonne avec le
mot « pesanteur ». Seules les quelques barres énergétiques semblent la diminuer un court instant. Nous passons en ce moment sur les rives d’un lac ou peut-être bien sur sa croûte gelée, mais n’en rajoutant pas car l’ambiance est bien présente, la nuit tombe et nous ne tarderons pas à arborer sur nos fronts nos lucioles de poche.

Un refuge pour la nuit

    Certes, le refuge approche sur la cartographie, mais rien en vue sauf cette spectaculaire voûte céleste, des milliers de lampions scintillent, ils semblent accessibles du bout des doigts. La nuit paraît douce, pourquoi ne pas s’endormir dans ces draps si blancs ? Mais ce n’est pas rigolo de dormir tout habillé avec ses gants! Plus loin, une ombre se détache des barres rocheuses, c’est peut-être le refuge. Un petit mur glacé nous contraint à user de nos piolets et des crampons ; la fin de la course devient harassante, mais le refuge nous attends bel et bien ! Surprise: L’accès principal est envahi par une épaisse couche de neige. Cette dame blanche nous invite à une dernière grimpe sur l’échelle métallique qui accède à l’étage du bâtiment ; la porte métallique est bloquée, mais à l’aide du piolet, celle-ci s’entrouvre sur un amas de neige qui a élu domicile à l’intérieur de la pièce. La toiture serait-elle percée, non semble t-il, mais quelqu’un aura probablement fermé cette fenêtre peu après les soudaines précipitations de neige. Devant cette fraîcheur, nous allumons le vieux poêle de la pièce principale d’un feu timide qui peu à peu trouvera toute sa maturité. Cette atmosphère joyeuse nous invite à passer aux réjouissances, les sacs s’allègent tandis que la faim s’amenuise, les produits de la vallée prennent une saveur inégalée. Le temps passe, le marchand de sable approche et nous voici sous un millefeuille de couvertures. Alors, abandonnons nos trois compagnons qui comptent leurs moutons un par un avant se s’endormir d’un sommeil tant attendu.

      Les heures s’égrènent ; au milieu de la nuit des hurlements retentissent dans le lointain : une autre histoire attend nos trois compagnons (...)

    Ainsi chaque histoire vécue continue à résonner dans les souvenirs de chacun d’entre nous ; c’est peut-être ce qui stimule notre désir de recommencer à vivre à chaque fois une nouvelle histoire. Certaines de ces histoires seront vécues à des milliers de kilomètres, d’autres proches de chez nous, où qu’elle se trouvent, notre plaisir s’en trouvera sans cesse renouvelé... il suffit simplement d’entrouvrir la porte de nos rêves et nous laisser porter par la découverte du spectacle de la nature et des paysages qui nous entourent. 

 

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