Sortie : Premier crêt mal-aimé

Mon projet de topo sur mes 3 crêts mal-aimés du Pilat était au départ plein d’inconnues, vu qu’il était entièrement inédit et que les cartes ne mentionnent aucun accès à 2 de ces crêts. Il m’aura tout de même fallu pas moins de 4 sorties pour le finaliser - disons 3, puisque l’avant-dernière n’avait pour but, a priori, que de retrouver l’un de mes 2 bâtons, perdu la fois d’avant…

Bon, mon premier essai était, d’avance, destiné à tourner court. Parti peu avant 15h du Col du Gratteau, je savais que vu les circonstances je n’irais pas bien loin. J’étais d’ailleurs décidé à prendre tout mon temps, histoire de profiter au mieux de chaque découverte, comme un gamin parti à l’aventure dans des lieux inconnus et donc, forcément, magiques…

Mais ce jour-là, dès le départ, c’est mal parti ! En effet, au grand carrefour-parking du Col du Gratteau, 2 chemins parfaitement parallèles filent plein Sud vers la Croix de St-Sabin. Et bien sûr en me jetant sur celui de gauche, le plus évident, je me trompe aussitôt ! D’où ma grosse surprise lorsqu’ils se rejoignent enfin vers 1165m. Bon, je constate ma bourde et rejoins peu après la Croix de St Laurent en remontant un peu vers le Nord sur le "bon" chemin.

Et là, je découvre derrière la croix une petite trace à peine visible qui se faufile entre les genêts et les airelles, alors qu’il n’y a absolument rien sur les cartes. Tiens tiens… Intrigué, je la suis. Après pas mal de lacets qui me paraissent aller globalement dans la bonne direction, et qui ménagent au passage de belles vues sur les "grands" crêts dominants de l’Oeillon et de Botte, je constate avec plaisir qu’ils me mènent au pied d’un bel amas rocheux : ne serait-ce pas là le sommet de mon crêt de Peillouté ? L’altimètre confirme. Yes, première victoire !

Ma trace, elle, ne s’en soucie guère et le contourne. J’y grimpe donc directement dans les blocs, tout en laissant mes bâtons derrière moi dans la lande en guise de repères pour le retour (on ne sait jamais…). Quelques pins au sommet m’obligent à quelques contorsions, mais je finis par y arriver et contemple enfin du haut de mon perchoir, une fois encore, vers le Nord, les grands crêts Est du Pilat.

Une fois redescendu et revenu sur ma trace providentielle (et mes bâtons récupérés au passage), je continue un peu en la suivant. Mais comme elle semble filer au Sud-Est, je l’abandonne pour réaliser mon projet d’origine : redescendre directement par la forêt, hors trace, donc à la boussole, direction SW. Objectif : rejoindre ainsi la piste Nord-Sud, bien visible sur les cartes, elle, et qui mène au Sud à une petite route où je pourrai poursuivre mon itinéraire.

Et là tout se passe au  mieux, comme prévu. La forêt (appelée ici Bois de l'Arrivée) est belle, pas trop dense, lumineuse, parfois plus sauvage, un petit régal. Une fois sur la piste, c’est un jeu d’enfant de rejoindre la petite route. De là, je passe via quelques marches d’escalier sous le gîte "L’Arrivée", inoccupé – c’est un peu curieux, on a l’impression de traverser une propriété privée, mais bon, le sentier continue bel et bien comme sur les cartes. La suite, un peu sinueuse en sous-bois au fond d’une agréable petite vallée, doit me permettre de remonter en face pour rejoindre le hameau du Mantel, bientôt visible tout là-haut au bout du chemin. Mais un coup d’œil sur ma montre me dit qu’il est déjà 18h35 ! Bon, les deux autres crêts, ce sera pour une autre fois, vu que je n’ai fait encore qu’un tout petit bout de la boucle prévisionnelle de mon topo...

À la fourche 1035 sous le Mantel, la sagesse me commande donc de renoncer à poursuivre mon circuit et à monter jusqu’à ce hameau, et ma carte me conseille alors de m’engager plutôt sur la voie de droite, plein Nord, direction Chaumienne, puis de là au Col du Gratteau.

Cette montée finale, hors parcours du topo donc, sur d’agréables sentiers à découvert avec encore un peu moins de 200m de dénivelé, sera un autre petit plaisir du jour. Y compris la traversée du minuscule hameau de Chaumienne, avec sa jolie fontaine d’où l’eau fraiche jaillit en abondance et ses vieilles fermes parfois à l’abandon… De retour au Col du Gratteau, il ne me reste plus qu’à contempler, dans une solitude et un silence absolus, le soir qui tombe sur les crêts de l’Oeillon et de Botte, et en face sur la vallée du Rhône et la chaine des Alpes tout au fond. Un magnifique point d’orgue final à cette première et modeste demi-journée en territoire inconnu.