Aujourd'hui si tu veux trouver la paix, il n'y a pas d'autre solution que d'aller au Mont de la Guerre. J'ai donc fait mienne cette terrible locution latine. Certes le sommet est à 120 bornes de la maison, mais le parapentiste affamé que je suis n'a pas trouvé d'autre alternative moins carbonique.
Le Mont de la Guerre est un joli relief face aux grands sommets de la Vanoise, malgré ses 1450 mètres de dénivelé, la balade est magnifique. Le sentier choisi ce jour traverse une épaisse forêt de conifères avant de rejoindre brutalement les alpages au Crêt du Feu. Le vent est effectivement beaucoup moins tempétueux qu'à Grenoble et le décollage à 2300 mètres d'altitude ne semble pas utopique, cette région est bénie des dieux ! Bientôt j'arrive à la hauteur de la petite chapelle de Bozelet, un détour est obligatoire pour y remercier le ciel de sa générosité. Une sérénité ultime règne autour de l'édifice bâti jadis par des hommes de bonne volonté, il est planté sur une prairie divinement fleurie, l'endroit respire la spiritualité !
Mais il faut maintenant aller au sommet du Mont de la Guerre tout proche. J'y trouve une brise sympathique quoiqu'inconstante, il va falloir s'élancer au bon moment. Globalement le vent vient de l'orient, là où trône le géant de la Vanoise, la vertigineuse Grande Casse. Je prépare la voile face à ce paysage impressionnant et m'installe confortablement dans la sellette légère. Maintenant le vent est arrière, les thermiques mettent un peu la pagaille dans la ventilation. Le décollage ici n'est pas vraiment facile, il y a des pierres traîtresses au milieu de la pelouse et la cassure de pente est proche, la course d'envol ne mesure pas 5 mètres. Au moment où la brise redevient bonne, tenter un décollage ne me semble pas illusoire. Un pas en avant et la voile monte docilement dans le bleu intense du firmament. Un petit contrôle et hop un deuxième pas en avant me projette dans la troisième dimension, me voici en l'air.
Le vol commence par une jolie petite session thermique absolument délicieuse. J'entends au loin les sonnailles d'un énorme troupeau de vaches marron, impossible cependant de les localiser, il faut dire que je suis maintenant bien haut dans le ciel. Alors j'avance vers Champagny avant d'opérer une grande courbe pour chercher Bozel, aux prairies grasses et vertes succèdent de sombres conifères, le vol est somptueux ! Après bien des circonvolutions je me pose à l'atterrissage officiel. Les flammes de l'école de parapente Bozailes me montrent la direction à choisir pour un atterrissage tout en douceur, un vol cinq étoiles !
Y a plus qu'à rentrer en Twingo, un véhicule spartiate mais peu gourmant, c'est déjà pas mal.