Brec de Chambeyron voie normale (face Est) depuis Fouillouse

Le Brec vu de la Fréma

Données de la sortie

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  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • Participants :
  • 17-08-2002
  • 2h+3h
  • 1482 m
  • Bernard, et Sylviane pour partie...

(Compte-rendu rédigé le 12.09.2016)

C’est (presque) comme si c’était hier ! Quatorze ans après, je garde un souvenir ébloui de cette ascension du 'Brec' au cœur de l’été 2002.

Ça faisait alors á peine 8 ans que, moi qui n’étais pas sportif pour un sou, je m’étais découvert, petit á petit, lors de 'grandes' vacances répétées á Digne (04), une passion très tardive pour la montagne, que m’avaient transmise, insidieusement, un oncle et une tante du cru amoureux de leurs sommets bas-alpins. Après avoir tâté, précautionneusement, des 'petits' sommets alentour (le Cousson, la Bigue, le Couard, le Blayeul…), je m’enhardissais un peu plus, toujours tout seul, d’été en été : chaque fois un peu plus loin, un peu plus haut... Il y eut le Cheval Blanc, il y eut la Séolane, superbes sommets, et tant d’autres, puis l’éblouissement de l’Estrop, enfin réussi d’une seule traite (après deux échecs…). Et même, en 1995, le Pelat, mon premier '3000' (cette fois accompagné de mes neveux). Puis, en 1998, la révélation, fabuleuse, des '3000' de la Haute Ubaye ! Je m’en suis aussitôt goinfré sans retenue : 4 ou 5 chaque été, bon poids : Chauvet+Fréma, Rubren, Grand Bérard, Siguret, Pte Basse de Mary, Panestrel, Mortice, etc… Et même une tentative folle (hybris ?) : l’Aiguille de Chambeyron par la voie Coolidge (!!!) – mais j’ai dû me tromper quelque part, et faire demi-tour á une brèche (cairnée…) au-dessus de 3200m (?), avec une incroyable vue plongeante vers l’est, côté italien ; mais la découverte á cette occasion du vallon, du plan et du glacier de Chauvet, perdus dans un paysage lunaire, hérissé de pics, á couper le souffle, restera un des grands moments de ma vie… Et c’est lá que je m’étais dit : et pourquoi pas ce fichu Brec de Chambeyron, si superbe, si insolent… et si inaccessible ?

Conscient que je ne pouvais accéder á certains hauts sommets seul et sans formation préalable á l’alpinisme, j’avais alors adhéré au CAF de St-Etienne en 2001 ; j’y ai appris et appliqué les techniques adéquates sur les glaciers et les rochers des différents massifs des Alpes du Nord, découverts avec émerveillement par la même occasion. Mais la Haute Ubaye, c’est loin de St-Etienne ! J’en ai conclu que si je voulais grimper au sommet du Brec, la meilleure solution était d’y aller avec un guide du cru. C’est ainsi qu’après une visite au bureau des guides de Barcelo, je me suis retrouvé le 10 août 2002 au refuge du Chambeyron, á attendre 'mon' guide en compagnie d’un autre client, monté pour la même course. Bernard, notre guide, s’est pointé en fin d’après-midi, sympa, on a bien discuté, et on s’est couché. La suite ne fut hélas pas á la hauteur de mes attentes : voir https://www.bivouak.net/topos/sortie-5350-t-te-de-la-fr-ma-depuis-fouillouse-sport-2.html#Sortie_5350 ma sortie du 11.8.2002 à la Tête de la Fréma.

Mais comme je suis têtu et que, moi non plus, je n’aime pas rester sur un échec, j’ai remis ça le samedi suivant, avec le même guide (non sans m’être payé Roche Blanche (3114m) entretemps, histoire de ne pas perdre la forme). Et cette fois – le 17 août donc – ce fut la bonne !

Le vendredi 16, je remonte donc au refuge, mais cette fois-ci avec ma femme Sylviane : gros événement, elle qui marche peu d’ordinaire (problème de hanche) a cette fois accepté de m’accompagner, alléchée sans doute par ma description idyllique d’une première et commune nuit en refuge et surtout des 9 couleurs du Lac (comment résister á une telle perspective ?), facile d’accès en plus. On quitte Fouillouse vers 12h30, le temps est idéal, on marche doucement, petit pique-nique en chemin, et nous voici ensemble au refuge, ça mérite une première photo ! Bernard nous rejoint 'comme d’hab' (!) en fin d’après-midi, on va dîner ensemble, l’entente est parfaite, et il nous propose même exceptionnellement de passer la nuit dans le mini-dortoir des guides !

Le lendemain, réveil (pour moi, pas pour Sylviane !) á 5h, petit dèj vite fait, et hop départ á 5h45, ça rigole pas. Temps splendide au petit matin (pas comme il y a 8 jours !), je suis soulagé, ça roule. La suite va se passer comme dans un rêve. Je monte sans difficulté dans les pas de Bernard, certes après le Col le terrain est souvent du genre pourri, mais qu’importe, je suis sur mon petit nuage… Après le grand gendarme pointu, je crois, on s’encorde. La montée se poursuit, régulière, assez longue mais jamais monotone, avec plein de petits ressauts faciles pour pimenter la chose. Mon premier grand souvenir c’est la dalle fissurée : moi qui suis toujours fasciné par le rocher, je suis servi. Un régal cette raide remontée le long de la fissure ! Et puis ensuite c’est pas fini, le festival continue. Je me souviens de gros rochers partout, sous nos pieds mais aussi au-dessus de nos têtes. Jusqu’á cette impressionnante cheminée-couloir bien encastrée avec encore de la neige (de dimanche dernier ?!) au fond. Bernard me dit d’attendre lá, remonte la cheminée, s’en extrait par la droite, continue á progresser tout lá-haut… et disparait á gauche derrière les rochers ! 'A toi !'. J’ai mis du temps á m’extraire de ce trou (assez athlétique, de mémoire), mais j’ai fini par y arriver et rejoindre mon guide qui s’était bien vaché lá-haut. Après encore un peu de grimpette dans le couloir final, enfin, le sommet ! Du Brec ! Je l’ai fait (enfin, nous…), j’y croyais pas, ben si, voilá, j’y suis… (mon 18e '3000', déjá) ! Je regarde ma montre, 8h45, donc 3h pile. Remerciements, photos, petit tour d’horizon (magique), petit mot (Bernard) sur le livre d’or… Reste maintenant á redescendre tout ça !

Et on le redescendra prudemment mais sans traîner. Les rappels passent comme une lettre á la poste, et la suite demande encore de rester bien concentré (gare aux roulements á billes). J’ai appris ce matin-lá á toujours désescalader les ressauts en restant face á la pente, sauf si celle-ci était vraiment trop verticale (j’ai bien retenu la leçon jusqu’á aujourd’hui !).

De retour au refuge vers midi, je prends congé de Bernard, il envisage même, sait-on jamais, 'un jour' peut-être, la traversée des Aiguilles de Chambeyron (on la fera ensemble 5 ans plus tard, et ce sera pour moi - avec l’intégrale Midi-Plan-Montenvers - la plus belle de toutes mes courses !). Mais au refuge je ne trouve pas Sylviane, á qui j’avais conseillé de faire un petit aller/retour en matinée sur le sentier bien tracé et très fréquenté du Lac des 9 Couleurs. Sachant qu’elle n’a aucune habitude de la randonnée en solitaire, je repars 'en arrière' á sa rencontre. Au bout d’une petite heure, en vue du Lac, personne. Un peu inquiet, je retourne au refuge. Toujours personne ! Cette fois mon inquiétude redouble. Se serait-elle perdue vers un des lacs adjacents au sentier ? Je repars á nouveau vers le Lac, pas rassuré du tout. Et voilá-t’y pas qu’au bout d’une demi-heure je la vois venir toute souriante dans ma direction !!! Gros soulagement… mais où étais-tu donc passée ? Eh bien, me dit-elle d’une voix candide, je cherchais le Lac des 9 Couleurs ; des lacs j’en ai croisé plusieurs, donc j’ai continué, et au bout d’un certain temps j’ai fini par demander á quelqu’un où je me trouvais ; et la personne m’a dit : 'Mais vous êtes au sommet de la Tête de la Fréma, Madame, le lac que vous cherchez est lá tout en bas, vous y êtes forcément passée tout á l’heure !'. Eh bé !!! Je ne sais pas lequel de nous deux a réalisé ce jour-lá le plus grand exploit – pas sûr que ce soit moi…

Du coup, 3ème (pour moi !) retour au refuge, les gardiens sympas nous servent le repas á 15h30, et lorsqu’on s’apprête á redescendre vers Fouillouse, l’orage menace, puis éclate ! Finalement on décide de passer une seconde nuit au refuge, ça marche pour les gardiens... (il fallait bien ça pour nous remettre de nos émotions et exploits respectifs du jour).

Creative Commons licence
L'Aiguille de Chambeyron
Le Brec au soleil levant
Le passage de la dalle fissurée
Dans la cheminée
La cheminée surmontée...
Au sommet
Plongeon du sommet vers le lac
Du sommet vers le sud
Descente en rappel
Le bastion sommital du Brec dans le rétro
Décompression
Dans la redescente vers Fouillouse

Commentaires

Geoffroy Rémi
21-09-2016 13:08:58

Merci Luc. C’est vrai qu’un petit plongeon dans les grands souvenirs, ça fait parfois plaisir. Mais faut pas en abuser, et savoir revenir vite dans le présent, même s’il est, forcément, moins glorieux (le "grand toboggan" de François Lannes, superbe texte !). Allez, juste encore un petit deuxième (la Dent Parrachée :wink:), et je suis de retour dans les plus modestes, mais tout de même toujours si belles montagnes encore à ma portée !

Luc
20-09-2016 18:50:23

Merci pour ce joli retour au Brec... Comme si c'était hier ! Alalala ... Que la montagne est belle comme dirait l'Autre ;-)



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