Nonobstant le fait que cette montagne n'offre qu'un versant ouest à survoler et plutôt que de me retrouver sur un pseudo site de randonnée bien exposer au soleil levant, je lui préfère ce sommet, dont le sentier d'accès est une véritable balade parmi une nature généreuse. Un vent du nord sensible est annoncé par toutes les météos, ce qui s'avérera totalement inexact en ce qui concerne le massif des Bauges. La voiture est garée au parking habituel, les changements sont notables au départ de cette promenade, en effet les aménagements sont nombreux. J'ignorais l'usage de cette longue barre creusée en auge qui est posée dans le lit du ruisseau en amont et déverse de l'eau à deux mètres du sol un peu plus bas. C'est pour remplir les abreuvoirs en citernes des paysans, ils sont nombreux à venir ici faire le plein, pour disposer l'eau dans les champs sur ce massif calcaire qui ne retient pas la pluie, ce qui en fait d’ailleurs une denrée rare.
Justement je n'ai pas rempli ma bouteille ce matin mais il me semble me rappeler que le dernier alpage est équipé d'une source abreuvoir pour les bêtes. Le chemin serpente dans la forêt avant de déboucher par un point faible sur les vertes prairies couvertes de fleurs actuellement. Étrangement l'habituel courant d'air qui secoue les arbres à cet endroit n'est absolument pas présent, la source me permet effectivement de remplir la bouteille et d'étancher ma soif, une barre de céréale complète la pause avant de repartir pour le dernier raidillon. Deux personnes descendent alors que j'en fini avec l'ultime grimpette. Là-haut la vue sur le bassin chambérien est toujours aussi belle, la misérable petite croix est repeinte de jaune fluorescent, ce qui la rend plus présente dans le paysage. Le vent donc ne vient pas du Nord, mais plutôt du Sud, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Si la voile s'est rapidement gonflée, la portance durant les premières secondes a été mauvaise, comme si j'étais dans un courant descendant, pourtant la brise là-haut ne souffrait d’aucune hésitation, c'était Sud et bien Sud. Mais finalement je m'encarte enfin du relief, il ne reste plus qu'à chercher le thermique sur le petit sommet du Mont Céty dont certaines pentes sont exposés plus favorablement au soleil matinal. Les ascendances que j'y trouve sont anémiques et trop faibles pour tenir. Mais peu importe, le vol est magnifique, de gros cumulus ornent tous les sommets. En bas la douce bise souffle du Nord, agitant mollement la flamme posée ce matin même au bord des grands champs récemment fauchés. Si le vol n'a pas été bien long, la balade globalement superbe, à la montée comme à la descente, suffit à mon bonheur de vivre et de pouvoir encore agir avant que mon dos ne me fasse trop souffrir, c’est une gourmandise à consommer sans modération.