Le ciel est clair, il attire comme un aimant, allons y vite. Curieusement, sur la route qui mène à Conflant Sainte Honorine, de nombreux gens sont sur le bord de la route et me photographient. Cette gloire soudaine n'est pas pour me déplaire, enfin je suis reconnu! Cependant j'en suis étonné, bivouak n'a pas vraiment une audience internationale... Du coup je regarde de partout et c'est dans le rétroviseur que je trouve l'explication, une vieille porche de rallye me suit depuis sans doute un moment... Me voilà mêlé à mon insu au vintage rallye Montecarlo....
Ce brutal retour à la réalité est heureusement facilement digéré à la faveur du paysage devenu tout blanc sous un soleil éclatant, pourtant vers Saint Honoré un gros nuage demeure... C'est le point de départ de la balade. La route n'est pas trop mauvaise et bientôt la station fantôme est à vue.... Catastrophe, les touffes d'herbes émergent de partout dans les pentes jusqu'à des hauteurs appréciables. Me serais-je trompé de massif? En arrivant au terminus, force est de constater que je ne suis pas le seul à m'être gouré. Le parking est plein à craqué... Bon cette haute fréquentation aura au moins l'avantage de me rassurer, il est toujours agréable d'être nombreux à avoir fait un mauvais choix.
Sur les deux cents premiers mètres linéaires, il y a vraiment que dalle, la neige est juste là pour le décorum. Trois à quatre centimètres posés sur les cailloux, si ça continue de la sorte, ça va être massacre à la tronçonneuse à la descente, et puis d'un coup la neige est beaucoup plus épaisse. Ouf! C'est donc serein que je suis les traces de mes nombreux prédécesseurs. Le temps est délicieux malgré les -8°, la neige crisse sous la semelle, le paysage à la mesure ciel: immense.
Je ne sais pas pourquoi, j'adore cette balade, en plus ce matin la difficulté à me réveiller n'aura pas favorisé un départ matinal, c'est parfait sur cette balade, il n'y a plus personne qui monte, et le soleil, pourtant chiche sur ce flanc ouest, est là sur presque tout le parcours à cette heure tardive. Ses rayons sont une bénédiction car la température est maintenant glaciale sous un vent du nord sensible. Une petite halte au lac de Charlet me permet de déguster une friandise (sur les conseils de Loïc), conseils qui s'avéreront avisés puisque je ne coulerai pas de bielle à la montée.
Dans la combe je rattrape un groupe de jeunes qui attendent un couple, il semblerait - à leur dire - qu'une idylle est naissante, ce qui expliquerait ce retard considérable. Effectivement à les voir de loin ils semblent bien proche, trop proche même, plus enclin à se rouler une pelle qu'à marcher dans la neige, c'est beau l'amour.
Tout cela ne saurait me distraire de ma tâche, avancer vers le sommet. Au col sur la crête terminale il faut profiter du calme car le vent semble bien fort sur la dernière partie, il soulève de belles volutes de neige qui passent à l'horizontale. Heureusement le soleil illumine la trace et réchauffe les corps. La nature est bien faite sur ce coup, coté pile, le vent me pousse gentiment vers la cime pendant que coté face je profite de la douce chaleur des rayons. Au sommet le vent passe par dessus, laissant une quiétude toute relative. Arrivé seul au sommet permet de profiter pleinement du paysage. C'est sur ces entrefaits qu'arrive Jean, un copain de Loïc. Nous échangeons quelques propos et en avant pour la descente.
Bon, c'est pas encore aujourd'hui qu'on va décerner les cinq étoiles. Cependant certaines parties sont vraiment agréables - pendant que d'autres sont vraiment croutées. Plus bas, des traces qui s'engouffrent mystérieusement à droite me permettent de descendre par un itinéraire bis plutôt plaisant, raide mais pas trop, sauvage et ludique, parfait. C'est bien là l'énorme avantage du ski de randonnée - comme le parapente d'ailleurs -, rendre ludique le retour qui est si chiant à pied. Même les deux cents derniers mètres ne seront pas une galère, il a suffit de s'écarter du chemin pour descendre dans des prairies miraculeusement chargées d'une couche de neige suffisante pour un ski agréable.
Tout en bas je croise une autre connaissance, Marco et sa cousine, décidément le monde est petit. Coup de bol ce beau temps éphémère qui tombe justement un samedi! Voilà une sortie heureuse. Heureuse comme "The Empty Bottle" cette magnifique chanson de Archive à laquelle je reviens toujours.