Dzonfié
Grosses chaleurs actuellement, l'été est arrivé d'un coup... Le manteau neigeux n'est absolument pas fréquentable et il faut reporter aux calendes grecques cette sortie haute montagne qui semblait pourtant se dessiner pour ce long weekend. Une visite dans le jardin des dieux s'impose compte tenu du vent qui souffle fort sur l'ouest.
Le sentier depuis Tessens est vraiment joli, il est probable que jadis ce fut le seul passage pour se rendre à l'alpage, il serpente agréablement en sous-bois tout en longeant le ruisseau bien gros en ce moment. Par moments, des perspectives se découvrent subitement, elles pourraient susciter au marcheur émerveillé des fulgurances, comme Van Gogh en avait et savait si bien les saisir au milieu des champs. Evidemment pour ma part elles ne génèrent que des ooooh ou des aaaah, on fait ce qu'on peut avec les moyens que l'on à...
Peu importe, les sensations sont les mêmes, il faut vivre pleinement ces moments si fugaces, ici un bout de sentier dans la verdure, là une arche végétale encadre le chemin, plus loin c'est carrément un grand sommet tout blanc de la vanoise qui émerge de la forêt. La montée est un plaisir continu, pourtant le sommet est encore loin. Mais le vallon révèle bien des curiosités, les hameaux se succèdent avec variété et souvent ils sont habités, des hommes scrutent les alpages aux jumelles pendant que les femmes aèrent les chaumières, un cliché? sans doute... Une minuscule chapelle à la gloire de la neige donne une note solennelle à l'endroit. Plus haut, c'est le désert, pas âme qui vive, seules des marmottes efflanquées fuient à mon arrivée, c'est qu'elles sont farouches à la sortie de l'hiver.
La partie hors sentier est facile, l'herbe vient à peine de poindre depuis la fonte récente des névés, la prairie est une espèce de tapis de foin aplati clairsemées de perce-neiges, c'est beau mais ça glisse. Aujourd'hui je prends au plus court, le temps est meilleur que prévu, la pente débonnaire et la brise délicieuse, la seule inquiétude c'est son orientation... Elle est face à l'arête sud, s'il pouvait y avoir un replat, cela arrangerait bien mes affaires. Bingo, juste en contrebas du sommet, une joli banquette permet d'étaler une petite voile, la mienne est un peu grande... Heureusement un névé corniché augmente la plateforme. Une fois fin prêt, il faut attendre une bonne bouffe, mais si elle est trop forte, avec la cassure à 20 m, ça risque de faire un rouleau... Effectivement, la voile se gonfle bien mais difficile d'avancer, finalement cinq mètres avant la cassure, une frontale monumentale coupe mon élan. Plutôt que de recommencer le même scénario, je change de tactique, j'étale juste avant la cassure et la cela se passe beaucoup mieux, la voile monte, quelques pas difficiles sur le plat et hop, dans la face Sud-Est. Le vol est somptueux dans ce vallon inconnu, un bonne brise de sud transforme le Mont du Col en une essoreuse, cap au nord, là c'est beaucoup plus calme, je peux profiter des 1800 m de descente dans une masse d' huile un peu chaude certes, mais parfaitement lisse.
Voilà un vol magnifique qui donne vraiment un sens à la vie, enfin c'est mon point de vue et cela n'engage que moi.