Cherche ton horizon, traverse les cloisons
La journée a pourtant mal débuté... je commence par toucher en reculant les nouveaux bacs á fleurs qui servent de ralentisseurs devant la maison. Puis, 5km avant le parking, un tracteur m'impose un rythme d'escargot.... jusqu'au parking. Et pour finir, un pneu avant de la bagnole explose sur la piste... bonjour pour mettre la galette, la roue de secours n'est même pas á l'endroit désigné par le documentation... Son calme il faut savoir garder...
Je ne me reconnais plus, je n'ai même pas gueulé contre l'adversité. Pas rancunier de nature, au bout de cinq minutes de marche tout est oublié. Le sentier est plaisant, le temps superbe, et l'objectif totalement inconnu. Au chalet de la Molle il y a du vent... et pas du tout bien orienté. Il en faut plus pour me décourager, il faut appliquer la méthode Couet : la balade est belle, pas question de la raccourcir. Il y a de l'animation au Chalet de la Servoz, tous les couchages sont étalés sur la belle prairie ou étendus sur les clôtures. C'est le grand nettoyage de printemps avant le début de la saison. L'endroit est particulièrement apaisant. Et en plus il paraît qu'on y vend un fromage délicieux, je dis 'il paraît' car les chèvres arrivent dans la journée... pas encore de lait donc.
La petite traversée dans la barre demande de l'attention... avec l'age on est moins habile et c'est plutot casse gueule. Certes le passage n'est pas long mais faut pas s'en coller une, sinon retour au chalet de Servoz, et dans un sale état ! Le vent est franchement nord... c'est pas bon pour mes affaires. Cependant, à cheval sur l’arête nord, il se trouve une pente en diagonale parfaite pour étaler. J'en prend bonne note et poursuis jusqu'au sommet. Le thermique des faces ensoleillées devrait prendre le pas sur le vent météo... enfin on peut toujours rêver. Au sommet, la nouvelle tombe sur les téléscripteurs... Gros vent météo Nord et même avec une petite composante ouest... nul pour ce sommet. Après une demi-heure á attendre une inversion qui ne vient pas, décision est prise de revenir au pseudo décollage nord. Ici il y a bien des moments où le vent est bon, mais cela est trop bref, il passe des boulets de canons venus du sud le temps d'un instant, ça craint trop.
Au décollage Nord-est en revanche, la brise est constante et franchement travers, plus de 90° venant de la gauche et qui vous pousse dans le trou - moue dubitative. Pourtant, encore une fois, c'est fréquentable par instants fugaces. Allez je tente le coup.
Une fois la voile prête, il convient d'observer précisément la masse d'air. À un moment un calme relatif se fait sentir. J'avance vers la pente, la voile monte comme un chiffon en boule, raté. Alors que j'arrête la course avant le grand trou, une bourrasque de thermique me cueille. Heureusement que la voile était en boule, elle me tire mollement en l'air et me repose délicatement quelques mètres plus bas. A ce moment je compte renoncer mais á bien regarder la voile, elle est maintenant derrière moi et parfaitement gonflée, elle me tire dans le bon sens. Je reprends les avants... une petite traction et paf, comme un bouchon de champagne dans le thermique sous le vent... un sport de jeune. Au dessus de la grand pente orientale, ça monte de partout, mais c'est contrarié par un fort vent du nord. Après deux belles fermetures - et malgré les bonnes sensations sous cette voile - , je décampe vers la vallée.
C'est encore très haut que j'arrive au dessus de la première ligne électrique perdue dans la forêt. Au loin des grands champs d'orges montrent de belles ondulations, c'est certes très joli, mais il est clair que ce putain de vent du nord - pas du tout prévu par Météo-parapente - est manifestement fort jusque dans la vallée. Il est préférable de choisir un grand champ, celui qui est entre deux lignes électrique et fraichement fauché ira très bien. La fin du vol est peinarde dans un vent fort mais laminaire. Approche quasiment á la verticale et toucher du sol sur la pointe des pieds comme une ballerine de l'opéra de paris.
Comme le chante si bien B. Cantat, dans son dernier Opus Détroit, Cherche ton horizon, traverse les cloisons. Ben moi je l'ai trouvé aujourd'hui entre deux grosses lignes électriques...