Vénérable Savoie
Si le sommet convoité aujourd’hui n’a pas vraiment de panache, le petit sentier qui permet de s’y rendre est en revanche tout à fait bucolique. C’est au dessus de Bozel en face de l’horrible station de Courchevel dont les constructions anarchiques restent toutefois discrètes dans ma direction. Il est certain que ce petit sentier a dû être un axe principal pour les hameaux disséminés dans les montagnes avoisinantes, il reste une belle plateforme et surtout ici et là une bondieuserie, rappelant, s’il en était besoin, la grande ferveur religieuse des anciens. Il faut dire qu’il n’y avait pas la télévision et encore moins Hanouna pour abrutir les foules. Je passerai donc devant une grande croix, un oratoire branlant et plusieurs petites niches probablement destinées à abriter une Sainte Vierge ou quelques martyrs auréolés.
Devant la brutale dégradation du temps, l’idée de dédier à Saint Landrade une prière, qui serait sans doute montée droit dans le ciel, m’a traversé l’esprit. Je m’en suis remis plutôt à la divine providence qui, dans sa grande mansuétude, m’a accordé une fenêtre météo finalement idéale. Pour varier les plaisirs, c’est par le nord en faisant le tour du sommet que je suis arrivé à bon port. L’entreprise est délicate puisque une épaisse forêt de résineux couvre le large sommet rendant aléatoire l’accès à la pente herbeuse faisant office de décollage. Après quelques errements, le paysage se découvre enfin et la prairie se présente d’un coup.
Il ne me reste plus qu’à préparer le matos dans une solitude qu’un anachorète aurait sans doute appréciée à sa juste valeur. Le vol clôture délicieusement cette petite sortie roborative me laissant béat sur un terrain d’atterrissage aussi vide que vaste. Aujourd’hui est mon dernier jour dans la congrégation des quinquagénaires...