La fermeture définitive de ce site de moyenne montagne a transformé les lieux. Tout commence dans la station fantôme de Saint Pierre de Chartreuse, non loin de la friche industrielle que représente maintenant la gare du téléporté. La neige fraîche a redonné un esthétique coup de peinture blanche au décor. Hélas il n'y a pas eu de sous-couche, du coup elle ne va pas tenir longtemps. Néanmoins nous chaussons les skis sans nous soucier de l'épaisseur ridicule de la neige, nous verrons bien pour la descente.
La douceur ambiante rend le manteau neigeux souple et crissant comme du sucre glace pendant que le brouillard s'étire lentement en s'accrochant encore sur les plus hauts sapins. De fantomatiques sommets surgissent peu à peu dans un décor onirique. Un silence absolu règne maintenant sur les pistes de la Scia, seulement troublé par le bruissement des peaux de phoque (et la voix de Jean-Charles racontant ses anecdotes). Il plane maintenant sur la station moribonde comme un parfum sauvage, celui d'une nature re-conquérante. Quel bonheur de marcher sur ce sommet rendu à la solitude de la Chartreuse. Nous avançons tranquillement et dépassons bientôt le hameau des Essarts. Les sapins sont maintenant lourdement chargés de neige, son épaisseur est conséquente à présent.
Avec radio JC nous n'aurons pas vu passer les 900 m de dénivelé qui nous séparent du sommet. La sérénité du sommet nous incite à déballer le pique-nique à côté de la croix, en effet le calme absolu rend le froid anecdotique, nous sommes divinement installés sur nos skis en guise de banc face au Grand Som. Il joue encore à cache-cache derrière un nuage facétieux qui aura la gentillesse de disparaitre pour notre descente, et quelle descente !
La neige est absolument divine, du Régalis ! Nous enchaînons les virages avec une facilité déconcertante dans un décor que les derniers nuages effilochés rendent féerique. Finalement nos craintes concernant le manteau neigeux se sont révélées totalement infondées, le plaisir de la descente dans cette matière si légère aura été permanent la plupart du temps. Bien-sûr la dernière partie dans le bas de la descente sans sous couche réclamera un peu plus d'attention et de retenue pour éviter les caillasses trop agressives. En choisissant bien les pentes, nous glissons aisément sur la neige alourdie même si nos virages laissent derrière nous l'herbe aplatie. C'est carrément à côté de la voiture que nous déchaussons nos planches, heureux comme des gamins de cette descente inespérée.
La Scia rendue à la nature est devenue un objectif hautement recommandable pour le randonneur cherchant le calme et la tranquilité, Dommage pour la station, tant mieux pour les skieurs de randonnée.