Aiguille du Goléon par le vallon sud des Hières

Données de la sortie

  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • 15-06-2002
  • 4h
  • 1450 m

Me voici donc à pied d’œuvre. Les voitures au parking ne sont pas nombreuses et je me prépare à marcher dans une bonne brise descendante. Si Jacques était ici, il n’est pas à exclure qu’il péterait déjà une durite devant cette généreuse brise descendante. Mais il en faut plus pour me décourager...

Mon arrivée au lac coïncide avec le soleil, un peu découragé devant la longueur du vallon qui est désespérément plat, une halte est salvatrice à la cabane Carreaux avant de reprendre cette longue marche vers le sommet. La neige, jusqu'à maintenant absente, est dorénavant omniprésente. C'est dur car la neige est molle, il faut dire que la température, très élevée pour la saison, empêche les gelés nocturnes, elles sont bien finies malgré leurs récentes offensives ces 15 derniers jours. Le glacier est atteint alors que la couche de neige devient toujours plus épaisse et lourde, elle ralenti ma progression. J’en chie de plus en plus et les quelques traces de descente n’offrent aucune, mais vraiment aucune, facilité dans la progression. Finalement, il me faudra plus d’une heure trente pour parcourir les 300 mètres de dénivelés qui me séparent de la crête. A bout de souffle, je rejoins cette crête décharnée où même la neige n’a pas pu rester tant les bourrasques ont du faire rage tout au long de l’hiver. Mais aujourd’hui une molle brise du sud souffle. A n’en pas douter, il risque d’y avoir du changement à en juger l’évolution des développements nuageux qui gonflent au dessus de la cime. La problématique est simple: soit en chier encore un peu pour atteindre le sommet (une bonne heure) alors qu’il est déjà 11 heures... ou vite faire une tentative de décollage et assurer ainsi un retour rapide a la voiture et également à la maison. Le soit disant superbe décollage sud demeure introuvable et je me demande vraiment d'où Manu décolle ?

Le décollage en sud ne me semble pas des plus rassurants, alors il ne reste qu’une solution c'est le glacier, malgré la deuguelante qui, si elle n’est pas forte, n’en demeure pas moins présente. La pente est orientée nord et le vent météo est léger, très léger sud, ça vaut le coup d’essayer. La surface du glacier est débonnaire mais la neige est vraiment très molle. Je ne sais vraiment pas si c’est possible. Cela ne coûte rien d ‘essayer et surtout cela ne risque rien, tout au plus une gamelle dans la neige détrempée. La préparation est simple avec cette neige car il est facile de planter le bord d ‘attaque dans la soupe. La voile est prête et il ne me reste plus qu’à me mettre dans la sellette. Me voici face à la pente les oreilles rabattues par une petite brise arrière. Attendre que cela se calme.

Les minutes passent mais rapidement le vent se calme et c’est la pétole. C’est le moment. Une belle impulsion pour gonfler la voile, elle monte bien régulièrement au dessus de moi il ne me reste plus qu’a allonger la foulée, plein pot vers le bas. Inutile de regarde la voile, je la sens bien au dessus de la tête. De toute manière il y a de la neige à perte de vue, il sera toujours le temps de se poser. Mais pour l’heure il faut courir et tout m’indique que le décollage est possible. Alors allons y! la vitesse s ‘accélère, Mes pas s'enfoncent déjà moins avec la voile qui me tire déjà vers le haut, encore un effort ça roule. Décollage façon Boeing... la vitesse est impressionnante mais ça marche. 10 mètres sol, 20 mètres sol, c’est bon je suis en l’air. L’air est fluide et déjà je pique à droite afin de raccourcir la distance qui me sépare de la voiture. C’est que par ce coté, la distance est longue. Je passe au dessus d’un chamois bien ventru et pense raisonnablement me poser dans la plaine suspendue quitte à redécoller après le verrou. Dans la combe est de Vernaison, se trouve le thermique salvateur. Le genre de thermique qui te mène sûrement au plafond. Mais c’est pas Saint Hilaire ici. Personne au sommet, personne sur le parcours, des parapentistes, ça risque pas ! je suis seul avec moi même et j’en mène pas large. En plus ma voile, bien que soigneusement entretenue, n’est pas de première jeunesse et avec tout ce qu’on dit sur le vieillissement prématuré des ficelles, je doute. Alors enrouler un thermique passe encore mais subir les pires turbulences sous ce vieux chiffon est au dessus de mes forces, alors je traverse tranquillement le thermique salvateur et vise l’ axe centrale de la vallée. A l'approche de la rupture de pente, le lac est presque franchi mais au fur et à mesure que le sol approche, un vent de vallée me contre, réduisant ma finesse à un vulgaire parachute des années 80. Voila la zone dite des Rubans, un phénomène de stries qui parcourent le sol dans le sens de la vallée et qui semblent dessiner un gigantesque mille feuilles sur la tranche.

Je m'y pose en douceur et replie la voile en chiffon pour parcourir les derniers mètres qui me séparent de la rupture de pente du verrou glaciaire, cela me permettra de reprendre mon envol. Arrivé 50 mètres plus loin, c'est effectivement une pente superbe face à une brise idéale avec une pente superbe. Tous les paramètres montrent l’opportunité d’un décollage. Je reprends donc mon vol avec confiance. En effet il me suffit de passer face à la pente ouest ou les thermiques doivent être inexistant. La deuxième partie se pas très bien, il est temps de repèer un attéro de l’autre coté de la rivière et d'entamer une approche en toute confiance : Les arbres ne sont pas couchés et le vent remonte la vallée comme l’indiquait tout à l’heure la risée sur la surface de l’étang. Je me pose comme une fleur dans une végétation luxuriante et grasse. J’ai beaucoup de peine à plier ma voile tant le paysage est somptueux. La Meije et le râteau dresse une gigantesque face nord, une muraille dont les faiblesses sont rares et raides. Il me faut pourtant prendre congés de ces superbes monts et rentrer à la maison.



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