C'est sur un idée lumineuse, la veille à 20h, que Luc me décide à le suivre dans cette petite sortie ultra matinale. Tout est calme dans la vallée, comme sur les coteaux de la vaste montagne. Cependant vers 7 h l'agitation laborieuse commence à poindre, pour nous c'est l'échappatoire vers Belledonne. La montée se passe relativement bien si l'on excepte une petite erreur d'aiguillage qui nous a obligé à redescendre droit dans une forêt inextricable pour retrouver le bon sentier... mon genoux dans ce type de terrain est à rude épreuve.
La Cabane du Colon baigne dans une heureuse quiétude, pas un souffle d'air, simplement une imperceptible rumeur de la ville qui maintenant bourdonne comme une ruche. Nous retrouvons un soleil bien tamisé sur l'épaule sud. Le reste de l'ascension s'écoule facilement tout en discutant, il faut dire que cela fait plusieurs semaines que nous ne sous sommes point vu, il s'en passe des chose en dehors du parapente !
Dans les derniers lacets de la grande pente sommitale, la possibilité du vol semble définitivement acquise... toujours cette ambiance sereine. Au sommet subsiste un bout étrange de névé, probablement un reste de congère, par ailleurs la cime arrondie est bien verte d'une rase prairie parfaite pour étaler les voiles tranquillement. Le vent hésite entre l'est ou l'ouest, il oscille mollement et la flamme ne choisit pas clairement son camp avec parfois des périodes franches de trois à quatre minutes. Après avoir fait le tour du sommet, nous revenons à la première option, celle de la belle pente ouest.
Il faut dire que nous projetons de voler jusqu'à la vallée, si pour ma part je sais que ma voile me portera jusque là sans difficulté, pour la petite spiruline, on en sait rien, sur le papier c'est sûre ça passe mais sur le terrain, c'est plus flou, il est si loin ce fond de vallon ! Ce départ Ouest est donc le plus rentable pour la petite voile puisqu'il est pile dans l'axe. Alors nous déballons tout le matos.
Je rate un départ pour cause d'une ficelle entortillée sur ma cheville et au deuxième coup, malgré une voile disposée n'importe comment, le décollage se passe agréablement. Le vol est toujours un grand moment de calme à un hauteur respectable, loin de tout, c'est bon ! Comme la dernière fois le bonheur est total. Voyager ainsi dans un espace aussi ouvert est magique. Au bout de 15 minutes il s'agit de trouvé Luc qui à dû me dépasser par le dessous. Effectivement il est juste sous mes pieds, je suis surpris par les performances de ce minuscule bout de tissu. Il passe largement au dessus de la ligne électrique et décrit maintenant d'amples courbes au dessus de la vallée. A Murianette, un grand champ vide de bétail nous permet un atterrissage peinard et respectueux des agriculteurs, (au prix d'un peu de bouse sous les semelles, certes).
Par le plus grand des hasards, le retour se passe en écoutant cette fantaisie sublime www.youtube.com/watch?v=1SPpqcU5VLQ, illustration Beethovenienne idéale de ce vol délicieux.