Etant donné que je n'avais pas envie de faire les bouchons ce matin pour aller en direction de l'oisans, il me fallait quelque chose de plus proche tout en restant en versant sud et avec assez de neige. L'équation difficile m'a fait pencher pour prabert, même si je sais que la route ne passe pas. C'est toujours plus facile que de monter sur un chemin verglacé au rivier.
Démarrage tardif (vers 9h30), une quinzaine de voitures seulement à la barrière, ça n'est pas la grande affluence pour le spot mondial de la randonnée à ski dauphinoise.
Faut dire que se taper 2.5km à pied sur une route sèche et parfois verglacée ça n'est pas très encourageant.
Mais bon quitte à se promener, autant faire une balade en forêt.
Me voila donc parti, la fleur au fusil et surtout les skis sur l'épaule.
Arrivé au pont de la Betta, une voiture est là , arrivée depuis prapoutel. J'y avais pensé mais j'avais pas osé...
Le petit sentier qui part de l'épingle au bout de la route est recouvert de glace vive sur 15m, du coup je l'abandonne et continue ma balade en forêt en remontant à travers bois pour retrouver le lacet de la piste. Le chaussage peut se faire au captage, l'enneigement est un peu maigre sous le habert du muret, il faudra faire gaffe à la descente.
C'est un grand silence qui habite les lieux, la foule habituelle de Prabert les a déserté. On dirait une station de ski après la fermeture, avec ses traces de passage pétrifiées dans une glace défraîchie. Le frigo à l'accoutumée si efficace est tombé en panne : je n'ai même pas besoin des gants à l'ombre et il n'y a pas le moindre givre sur les sapins. Nous sommes le 12 février et il trop tard pour se complaire encore dans la recherche d'excuses fallacieuses sur le réchauffement climatique. Plus bas des arbres ont commencé à débourrer, l'homo sapiens n'est peut être pas si sapiens et l'homo pediskius est déjà promis au panthéon des espèces disparues.
Encore un passage de glace à contourner, les sources coulent.
L'arrivée au habert d'aiguebelle est plus poignante encore. Le flanc sud de la montagne du muret est en grande partie déneigé, le vallon est parsemé de pierres apparentes et le petit ruisseau coule derrière le habert, le paysage est digne d'un mois d'avril.
Dans la première pente sous les lacs des vénétiers c'est déjà la canicule et je fini par enlever la polaire. La neige transforme dans les versants sud, elle est déjà humide par endroits à la montée.
La dernière pente est un peu dur avec la route dans les jambes mais je fini par y arriver, il y a un peu de monde au sommet.
Un coup d'oeil sur les 7 laux confirme la vision apocalyptique du départ : du col des oudis au grand rocher, c'est une alternance de bandes neigeuses sur lesquelles filent de petits points noirs et d'étendues herbeuses.
Alors que je prends le temps, j'observe une scène pas banale d'un parapentiste défié par le chien d'un randonneur. Le chien continue à sauter autour de la personne malgré les ordres de son propriétaire, il (le chien) sera quitte pour un coup de bâton sans sommation. Le ton monte alors, les noms d'oiseaux fusent, j'ai bien cru qu'ils allaient se mettre sur la figure... il n'y a visiblement pas que le climat qui s'échauffe !!
Je file pendant que le gars étale sa voile sous le sommet, la première pente n'est pas top car la neige a bien dégelé sauf les anciennes traces durcies. Du coup il faut viser les zones lisses, ce qu'on trouve encore cependant en cherchant un peu.
En dessous c'est pareil, dès que l'orientation n'est pas sud ou que la pente est trop faible on s'enlise dans une neige croûtée infâme.
Je tire donc des traversées sous la dent de bédina et trouve finalement des passages excellents. A force de traverser j'arrive un peu haut au dessus du habert d'aiguebelle. Un peu d'hésitation mais il y a encore quelques bandes de moquettes entre les sapins pour descendre sans encombres.
Au niveau du habert il faut commencer à faire attention où on met les spatules, il y a des eccueils subaffleurants, mais on gagne vite le béton du boarder cross (avec quelques cailloux aussi !). Il faut ensuite faire de plus en plus attention au fil de la descente. En déchaussant une fois ou deux (non compté les 2 passages en glace) on arrive sans mal au bout de la route.
Le retour est ensuite bien long !!!
Malgré un enneigement très faible la skiabilité est plutôt bonne, de nouvelles chutes de neige promises en début de semaine prochaine devraient faire illusion pour les touristes.
Sur la route du retour j'arrive derrière un corbillard vert qui roule au pas. J'ai enfin la certitude de le reconnaître quand je vois la tronche du chauffeur dans le rétro. C'est Luc qui erre désespérement dans les rues de Prabert, certainement avec la nostalgie du temps passé. Mais bon il se justifiera par une visite chez un voleur...