Un mois ! Voilà un mois que je ne sors pas. Du coup, c'est un mauvais mois d'août pour moi. Je n'ai pas eu d'autre ressource que de me régaler des comptes rendus sur Bivouak. Mais entre les superbes sorties d'Anny dans les Ecrins, et les nombreuses sorties de Véro (dans le même massif) j'avoue avoir senti la frustration me gagner et me tarauder l'esprit.
Depuis plusieurs jours, www.bivouak.net/topos/course-id_course-3893-id_sport-16.html semble aller mieux !
Enfin tout ça c'est du passé, place à la montagne, on commence cool, et on va essayer de monter crescendo. Bien qu'hier le vent ait été sensible à tous les niveaux, la météo annonce un dimanche calme et serein. Pour ne pas brusquer les choses, mon bien connu sommet de Chartreuse me semble tout à fait indiqué. Quel plaisir de reprendre la marche dans l'air tranquille du matin. L' oie gardienne du col de Cucheron me salut, ensuite il s'agit de retrouver ce rythme régulier de la marche. C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas comme ça.
Au col des Aures, le vent est nord et faible, tout baigne, la cheville ne me gêne absolument pas, tout au plus l'attelle me tient-elle un peu chaud et ça me gratouille un peu. C'est un peu plus haut que ça c'est un peu compliqué, des rafales ont commencé à agiter les rares buissons qui décorent le Racapé. Bof, on ne va pas s'inquiéter pour si peu. De toutes manières je vais en haut. Ce n'est que sur le sommet que j'ai pu me faire une idée du vent : 25 à 30 km/h c'est pas mal, mais il faut croire que c'est un effet de compression sur la crête car plus bas il était quand même moins fort. Alors il faut prendre patience, et la teneur du nouveau bulletin météo pris sur place est de nature à me faire patienter : vent faible à toutes altitudes.
Alors je profite du moment. J'aime être au sommet, le vent siffle dans la croix à la gloire de Dieu, les hautes herbes sèches ondulent sous la brise et au loin les grands sommets, impassibles à ce qui les entoure, projettent leur formes dans le ciel du matin. La lumière revêt déjà des couleurs d'automne. C'est beau et je savoure ce retour à la montagne. Tiens, le vent semble devenir moins puissant !
C'est à ce moment que surgit de l'arête sud un parapentiste, il marche d'un pas décidé. Il a une voile montagne et hume l'air un instant, avant de se diriger prestement vers le décollage. Je règle mon pas sur le sien et en avant. Nous déplions nos voiles. Il est aussi rapide à la décision que dans la préparation. Il n'a pas ouvert la voile qu'il saute déjà dans son harnais/sac à dos et hop le voilà en l'air. Incroyable, pourtant je ne suis pas lent à me mettre en selle, ce n'est pas Jean-Pierre qui me contredira ! Bon, je finis ma préparation et en avant.
Encore un moment de bonheur. Si la masse d'air dans laquelle je pénètre est en mouvement, c'est certain, il n'en demeure pas moins vrai qu'elle est parfaitement stable. Aussi, je glisse tranquillement vers la grande prairie verte de Saint Hugues. J'ai quitté le sol sans effort, préservant par la même occasion cette cheville dont la douceur semble le meilleur remède. Encore une fois, au sol j'ai du bol, deux parapentistes me regardent atterrir et plier ma voile, et quand je leur demande où ils vont, non seulement ils m'amènent à Saint Pierre mais poursuivent jusqu'au col de Cucheron rien que pour moi ! Merci à eux et vive la montagne !