A dix-sept heures nous voilà partis. Tout va très vite car au bout de cinq minutes de marche, un 4x4 nous monte jusqu'au déco! PAs eu le temps d'apprécier la montée, les éléments, d'humer la belle nature qui nous entoure comme ses derniers jours.
Prévol. On s'installe... A deux reprises, le vent de cul nous ramène les voiles dans les jambes. Je loupe un déco, c'est mon premier loupé en montagne. Grrr, forcément j'suis pas dans le coup, pas du tout concentré. Allez, on se ressaisit! Tiens le mobile qui vibre. C'est Michel qui m'écrit qu'il a une entorse. Ha bein zut!
Déco donc à 1700 puis hop je monte à 2000 en quelques minutes, ça allait très vite. J'étais ravi! Franck, quant à lui, s'éloigne dans la vallée, haut, haut! Je ne saisi pas tout. Hier il 'ridait' avec les sapins!
Je laisse donc le Jas au planeur qui venait de me rejoindre. Et je constate assez rapidement que la descente ne va pas être facile. Le sud est fort, fort, fort. J'entame une série d'allers et retours entre la croupe nw du Jas (Prapoutel-colo) et le pré de l'Arc. Mais à chaque retour je monte, je monte!
Franck attaque une série de 3*6, puis les oreilles, je décide de le suivre à mon tour. Une dizaine de minutes plus tard, le voilà posé à Prabert. Bravo! Je réalise que ça ne va pas être aussi simple pour moi, j'ai encore tant de choses à apprendre...
Je me laisse "glisser" au-dessus de Prabert, je recule même! J'enfonce l'accélérateur (je suis à 1500 environ), idée est d'aller se poser chez moi à 850. Mais ça avance bien peu...
Je me dit je vais faire demi-tour et aller dans la vallée (du grésivaudan) mais j'ai peur du vent que je pourrais trouver là -bas, alors je reste là ...
Je me dis je vais attendre, avec 'heure qui avance ça va faiblir... mais ce n'était pas bien le style annoncé dans les bulletins. Un peu angoissant!
Bon faut faire quelque chose! J'attaque les oreilles et ça commence à descendre tout doux, c'est long... j'ose un, puis deux, puis trois 3*6, pas très 'fermé' mais ça marche je perds de l'altitude. Je me 'repose' dans un petit aller-retour et reparts sur deux 3*6, c'est cool car je suis bien descendu et crois m'être alors tiré d'affaire, même si je sais que la partie finale, et pas la moindre, arrive... J'ai en mémoire l'arrivée à Rochetaillée. Quelle partie...
Je suis au-dessus des forêts (environ 80m), Je vise alors les prés en amont-nord de la Boutière et là bizarrement, alors que la veille et l'avant veille je frolais les arbres tranquillement, là , à moins de cinquante mètres des champs, je me fais aspirer, ou plutôt c'est comme si ma finesse ne marchait plus, ça ne vole plus... je suis incapable d'en dire plus, et du coup je ne vois pas par quel miracle je pourrais éviter les arbres. Ma voile ne me porte plus, je tombe, je suis aspiré, poussé vers cet immense tapis de feuillus et connifères alors que trente mètres plus loin ce serait la délivrance, les champs... à moins que comme m'a dit Franck peut-être que j'aurais été propulsé encore plus vite vers le sol, une histoire de gradient. Bref, impossible d'éviter cet arbre. C'est clair.
Bam!
Descente parallèle au tronc. Tout s'arrêtera tranquillement une quinzaine de mètres plus bas. Premier réflexe : est-ce que tout bouge? J'ai dans la tête moults récits où les narrateurs restent au sol... Je souffle un grand grand coup, je suis intact. Tous mes membres bougent. Tiens, là aussi ça bouge, quels sortes d'animaux ai-je dérangé? Font un sacré barouff!
Une partie de démêlage commence. L'aile est à un mètre cinquante au-dessus de moi. Dans de fins branchages. rapide le démêlage! Je mets vite la voile dans le sac et dix minutes plus tard me voilà dans les prés. Et merde alors, tout est calme, mais que s'est-il passé en cette fin de vol??? Pourquoi ce soudain coup d'aspirateur? Hein...
Pas de réponse malgré les bulles de champagne quelques minutes plus tard chez Franck. Tiens, rarement apprécié autant cette boisson!
24h plus tard, je me dis que 1) on n'aurait pas dû sortir, ou bien plus tard, mais à priori en altitude le vent météo était toujours là bien présent, cumulé à des bonnes brises ascendantes ; 2) je n'aurais pas du faire ces deux derniers 3*6 au-dessus des forêts mais attendre que je sois en terrain dégagé, au-dessus des "prés" ; 3) j'ai carrément honte mais bon, j'ai réussi à gérer ma p'tite angoisse où là -haut j'étais limite marche arrière; 3) ça finit heureusement et physiquement bien, la voile a une petite déchirure côté droit dans l'intrados, et une vieille blessure à mon pouce suite à une chute en telemark s'est réveillée...
J'ai déposé mon aile à Wingshop ce lundi matin. Thiery au fond de sa boutique rapiéçait une aile d'accro avec des déchirures grandes comme ça, dingues! De la gnognotte ce que je lui amène!
Bon, conclusion, et on le sait tous, un vol au Jas n'est jas-mais pareil!