Courte fenêtre de vol ce matin mais devant les nuages nous renonçons au dernier moment au projet de décoller d'un haut sommet de Belledonne pour nous rabattre sur le modeste site des Grangettes, l'un des points les plus au nord du massif de Belledonne.
La journée a très mal commencé puisqu'un bruit bizarre apparaît soudainement en doublant un camion sur l’autoroute, le clignotement du voyant d'alerte crevaison demande un arrêt immédiat sur la bande d'arrêt d'urgence. Effectivement, le pneu avant gauche est complètement à plat. Je peux vous dire que changer une roue alors que les voitures et les camions vous passent à toute vitesse à moins d'un mètre, c'est le salaire de la peur. En plus je n'ai pas mis le cric au bon endroit si bien que le bas de caisse commence à se tordre avant que le pneu soit libéré du sol. Bref nous arrivons à Chamoux sur Gelon avec 20 minutes de retard sur l'horaire prévu. Nous sommes étonnés de voir des parapentistes courir à l'opposé du décollage, après enquête sur le net, ce sont des compétiteurs de la Born to fly, une course de marche et vol internationale, tous les champions de la discipline se tirent la bourre et justement Montendry est l'une des balises obligées.
Mais nous avons assez perdu de temps alors on met les bouchées doubles pour abattre les 1000 mètres de dénivelé qui nous séparent de notre objectif. 2h05 plus tard on pose les sacs, pour des retraités ça pourrait être pire. Le temps est superbe, nous sommes seuls au monde et, cerise sur le gâteau, les manches à air sont toutes correctement orientées alors on se prépare à redescendre par les airs. Si Hélène s’envole parfaitement, je ne sais pas ce que j'ai foutu avec mon sac mais au moment de décoller je perds un bâton plié, plus possible de s'arrêter, la machine est lancée. Ce fâcheux contretemps me distrait du premier thermique pourtant généreux et pas du tout turbulent. Il me faudra pas mal de temps avant de trouver le suivant, bizarrement au-dessus de Chamoux, celui-ci est parfait pour moi, petit et tranquille, il me permet de prolonger agréablement ce vol avant de rejoindre Hélène en grande discussion avec des gars dont la mission est de soutenir un des valeureux concurrents de la Born to Fly. Certains compétiteurs passent bientôt largement au-dessus de nous. Il se trouve que l'un des suiveurs forme une équipe avec un pilote de Luchon ! Le monde est petit.
Si nous n'avons certainement pas le niveau pour ce genre de compétition comme la Born to Fly, il n'en demeure pas moins vrai que nous aussi nous sommes nés pour voler !
Marc Billat