Le week-end de Pâques a beau avoir été parfaitement réussi, deux mauvaises nouvelles sont venues entacher cette période festive, ce sont les disparitions de deux pianistes que nous aimions beaucoup, Radu Lupu et Nicholas Angelich. J’avais une affinité particulière avec le second dont ses interprétations de Liszt resteront absolument merveilleuses. Ce matin donc, c’est avec son enregistrement des Années de Pèlerinage que je commence la belle balade en sous bois vers le Fort du Mont. La signalétique de ce sentier est maintenant claire et sans erreur possible, surtout dans le début de l’itinéraire. Déambuler de chalets d’alpage en hameaux paisibles au gré des méandres du sentier est un régal pendant que s’égrènent les notes de musique sous les doigts habiles du géant aux pieds d’argile. On retrouve sur le chemin comme dans son interprétation une sensation unique de sérénité, une tranquillité puissante qui terrasse toute angoisse et fait ressembler la vie à une succession de jours heureux.
Après avoir été accompagné successivement par un vieux toutou, trois moutons, un âne facétieux et enfin un jeune chien fou, j’arrive sur la dernière prairie qui va me servir de tremplin vers le ciel. Toutes les conditions sont réunies pour un envol paisible, l’herbe est rase, il n’y a pas de clôture et enfin un doux zéphyr remonte la pente, engageant comme une caresse. Alors j’étale ma voile, non sans répondre à une question de notre ami Alan via Messenger. Le vol sera serein et doux, comme les dernières notes du sonnet 104 avec une sensation de plénitude jusque dans les silences. J’essaie bien maladroitement de partager ces minutes exquises avec mon interlocuteur sur Messenger pendant que j’enroule quelques délectables ascendances.
Je me pose enfin dans la vallée où le vent de vallée n’est qu’une petite brise accueillante et bienfaisante tout comme l’écoute du sonnet par ce pianiste trop tôt disparu. Je ne saurais que trop vous conseiller de lire le vibrant hommage d’Olivier Bellamy au pianiste Nicholas Angelich dont voici un court extrait :
« Cet être seul était très entouré. Tout le monde l’adorait. Collègues, mélomanes, garçons de café, chauffeurs de taxi, femmes de ménage, il avait pour chacun d’eux des attentions de prince qui dévoilaient son grand cœur »
https://classica.fr/hommage-nicholas-angelich/