Furax de n'avoir pas pu voler hier, je mets ce matin la voile dans le coffre malgré des prévisions météorologiques bien pessimistes pour la journée. Les perspectives abominables pour la suite m'incitent également à sortir aujourd'hui avant la tempête. Comme le sol est sec et la température fraîche, je décide pour la première fois de ma vie de monter au col de Baure par l'arête sud de château Nardant, un chemin particulièrement raide et glissant qui nécessite la sécheresse absolue. Eh bien croyez-moi si vous voulez mais il se met à pleuvoir alors que j'aborde les passages délicats, des rochers déversants au milieu d'une pente vertigineuse... Je lâche une bordée de jurons et traverse la paroi en nettoyant les prises mouillées une à une. C'est difficile à monter, c'est impossible à descendre avec cette boue. Si jamais il y a un passage plus difficile plus haut, avec cette pluie, je suis bon pour prévenir les secours comme un débutant. Heureusement les passages suivants sont en bons rochers et beaucoup moins glissants. J'atteins enfin le sommet de château Nardant, content d'en avoir terminé. Le sentier pour rejoindre le décollage est facile bien que terriblement glissant sous la pluie maintenant soutenue.
J'arrive au décollage, trempé et dépité, pas question de déplier la voile. Alors je me réfugie sous les branches épaisses d'un sapin et regarde tomber les gouttes. La météo ayant annoncé des pluies sporadiques, j'espère secrètement une amélioration. Effectivement, il n'a pas fallu attendre plus de 15 minutes avant qu'une minuscule trouée de bleu se dessine au dessus de ma misérable protection de verdure. La pluie est devenue bruine avant de disparaitre totalement. En trois minutes j'étale le parapente sur la pelouse détrempée et profite d'une légère brise de face pour m'envoler.
Manque de pot, à peine ai-je pris la direction de la vallée que le paysage, jusque-là invisible, se découvre et laisse apparaître des colonnes de pluie exactement dans la direction de l'atterrissage. Je commence à réfléchir rapidement à un plan B mais au fur et à mesure de mon avancée, il me semble que l'averse est beaucoup plus loin alors j'encape une série de 360 afin de raccourcir le vol et d'atterrir au plus vite. Ça envoie fort une Masala3 ! Au bout de trois tours je ne sais plus où j'habite !
Arrivé au ras des pâquerettes, je vole en ligne droite jusqu'au terrain d'atterrissage et me pose sur l'herbe humide. Parfait. Plier la voile dans cette ambiance liquide est impossible alors je la fourre en vrac dans le coffre avant de rentrer à la maison sous des trombes d'eau !