Ce matin il pleuvait et le ciel était bien maussade. Pourtant vers midi le soleil a commencé à apparaître par bribes à travers la fenêtre de la salle à manger, comme s'il voulait nous inviter dehors. Pas besoin de carton d'invitation, nous fourons les parapentes dans le coffre et direction Saint Hilaire. Comme le vent a l'air de se lever et que nous n'avons pas envie de monter à pied pour rien, nous rejoignons le décollage en voiture, on remontera par le nouveau sentier plus tard.
Quand nous posons les sacs sur le tarmac de décollage nord, les conditions de vol sont épouvantables avec des rafales de vent arrière jusqu'à 30 km/h. Pas question de s'envoler dans de telles bourrasques, alors nous rêvassons devant le paysage fort esthétique avec ces nuages joufflus à tous les étages. Le temps passe lentement quand soudain les manches à air se mettent dans le bon sens et restent invariablement bien orientées. Aussi sec, nous déplions les voiles pour un vol étonnant, en effet le temps de nous préparer, une mer de nuages s'est formée plus bas, mais comme elle n'est pas encore soudée, nous nous envolons sans hésitation. Il s'agit de passer dans le dernier trou disponible qui rapetisse à vue d'oeil.
Nous n'aurons donc pas loisir de roder dans les ascendances. Hélène s'engouffre dans la petite ouverture juste avant qu'elle ne se referme, il ne me reste plus qu'à passer un peu au pif mais la finesse du plafond est plutôt rassurante. En effet je ne reste vraiment pas longtemps dans la mélasse, le sol apparaît rapidement, il n'y a plus qu'à se poser. C'est au moment d'atterrir qu'un gracieux héron cendré s'intercale entre Hélène et moi. Je me place dans son sillage et observe ce battement d'aile si majestueux avant de le laisser filer vers l'Isère.
Le plus dur aura été la remontée à pied par le nouveau chemin puisque le sentier du Pal de Fer a été emporté par les trombes d'eau tumultueuses de l'automne. Ce nouvel itinéraire ne fait pas dans la dentelle, c'est droit dans la pente. J'ai du le perdre malgré tout car je me suis retrouvé à ramper sous des ronces, remonter un raidillon équipé d'une corde et pour corser la difficulté, la boue rend la grimpette périlleuse, il faut impérativement se tenir sans cesse aux branches sous peine de tout dévaler en glissade, l'horreur ! Finalement on retrouve plus haut le sentier originel et la fin n'est qu'une formalité.