sortie : Marche à l'ombre !

Marche à l'ombre !

Données de la sortie

  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • Distance :
  • Temps de vol :
  • Plafond max :
  • 18-10-2021
  • 3h
  • 950 m
  • 5 km
  • 10' m
  • 1830 m

Données de l'itinéraire

  • Massif :
  • Cotation :
  • Topo :

Si Caplain annonce un temps calme, ce n'est pas le cas de toutes mes autres sources météorologiques unanimes quant à la présence pernicieuse d'un fort vent du nord. Toutefois à force de fouiner, il semblerait qu'une seule vallée soit miraculeusement épargnée des fureurs éoliennes, celle du Haut Breda côté ouest. Ça tombe bien, il y a par là quelques jolies balades à faire et notamment la Croix du Léat, un petit sommet charmant loin des circuits touristiques bondés de monde. Seul petit problème, c'est en versant ouest de Belledonne et comme nous avons une petite contrainte horaire, nous n'aurons pas le temps d'attendre la venue du soleil.

C'est ainsi que nous avons fait la balade entièrement sur le versant ombragé et glacé. J'ai même eu peur un moment de ne pas voir la lumineuse clarté de l'astre matinal. C'est sur la dernière pente que le soleil a subitement surgi de derrière les pointes acérées des plus hauts sommets, éclaboussant de ses rayons les buissons que l'automne a rendu roux. L'ombre des rares épicéas s'étire infiniment sur la steppe qui a maintenant remplacé la forêt. La brise invariablement descendante depuis le départ s'est incurvée pour venir progressivement du nord, le seul des points cardinaux favorable au décollage de la Croix du Léat.

L'arrivée au sommet près de la petite croix de fer blanchie à la chaux est une fête, les conditions sont parfaites pour un retour dans la vallée à travers le ciel. Franchement, d'après les oracles, c'était pas gagné. Alors sereins sur notre envol, nous déplions les voiles sur le petit plateau idéal  pour étaler trois ou quatre parapentes. Seuls quelques bosquets de genévriers compliquent un peu la course avant le grand saut, nous mettons au point une stratégie de contournement. Plutôt que de zigzaguer entre les obstacles, nous étalons les voiles selon un axe en biais qui nous permettra directement d'embrasser l'atmosphère, seulement ce n'est pas exactement dans la direction du vent laminaire. L'exercice, sans être périlleux, demande un certain doigté dans les commandes. La trajectoire ne permet pas l'approximation, sitôt décollé il convient de virer à gauche sous peine de percuter l'arête qui descend de plus haut.

Une fois toutes les ficelles bien démêlées et soigneusement écartées des plantes desséchées griffues comme des doigts de sorcières, Hélène prend son essor selon notre tactique pré-établie. Je reste en vigie à la rupture de pente en cas de problème. Elle commence par faire monter doucement la voile face à la brise, entame une accélération progressive en travers tout en corrigeant la direction de l'aile et, quand tout est ok, s'envole par dessus le rebord du petit plateau avant d'entamer une grande courbe vers le lac. C'est un sans faute !

Me voila seul au sommet, je saute dans la sellette et répète la procédure d'envol sans la moindre anicroche. Sitôt en l'air la pureté de l'atmosphère me fait instantanément entendre le Magnificat de Urmas Sisack. Il faut dire que le paysage de la Montagne de Grasse Combe n'est pas sans évoquer l'immensité des forêts estoniennes. Merci au monde, merci aux compositeurs venus du nord pour nous faire vivre ainsi des moments aussi intenses.


Marche à l'ombre !
Marche à l'ombre !
Marche à l'ombre !
Marche à l'ombre !
Marche à l'ombre !
Marche à l'ombre !
Marche à l'ombre !
Marche à l'ombre !

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