Sortie : Un rêve réalisé

Vire en balcon

Données de la sortie

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  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • Participants :
  • 13-07-2020
  • 8h
  • 1220 m
  • Jean-Fançois

Quand Jean-François m’a proposé de faire avec lui la traversée des Moucherolles depuis Prélenfrey ('Tu verras, c’est pas difficile, il y a de bonnes prises'), ça a déclenché en moi à la fois une forte envie et une réelle inquiétude. Depuis qu’en 2006 j’avais effectué, seul et apparemment sans difficulté, ma première ascension de la Grande Moucherolle depuis le Clos de la Balme, j’étais en effet revenu de nombreuses fois dans ces magnifiques hauts lieux du Vercors : pour la petite Moucherolle, mais aussi et surtout pour les Deux Sœurs (via le col éponyme) dont je suis tombé littéralement amoureux. Il faut dire aussi que mes rencontres répétées avec le troupeau de bouquetins qui a élu domicile sur ce plateau n’y étaient pas pour rien… Si bien que cet endroit est devenu peu à peu mon plus gros coup de cœur des Alpes iséroises.

Et à chaque fois que je débouchais sur ce plateau depuis le col des deux Soeurs, je rêvais d’effectuer la traversée des Moucherolles par ce très raide sentier, si tentant mais tellement impressionnant, qu’on aperçoit en débouchant du col. Mais je n’ai jamais osé…

Cette fois-ci pourtant, je finis par me dire que c’est l’occasion ou jamais, en plus avec un ami très expérimenté. Et nous voilà donc partis ce 13 juillet à 9h30 du premier parking des Bordeaux : il fait beau, à dieu vat, on verra bien…

Une fois en chemin, mes résistances (n’est-ce pas trop difficile ? pas trop aérien ? ne suis-je pas trop vieux ? etc.) se dissipent peu à peu, au fur et à mesure que la fascination et l’excitation s’accroissent.

Pour aller aux Deux Sœurs, je suis toujours parti du parking du col de l’Arzelier. Aujourd’hui je découvre donc la très belle vire en balcon, un peu exposée, qui longe le pied des falaises en passant devant la grotte et mène au col des Deux Sœurs : premier régal de la journée, même pas peur ! Me voilà rassuré…

Avant d’arriver au col, on croise un randonneur qui nous prévient que suite à une série d’éboulis récents la montée au col est plus encombrée et chaotique que d’habitude. Et en effet, par endroits la trace se perd et il faudra louvoyer au mieux dans les blocs épars, ce qui complique un peu notre tâche. Sous la sortie on découvre le cadavre d’un jeune bouquetin au pied de la falaise : victime d’une chute ? d’un chasseur ? Ce sera le seul moment de tristesse de la journée…

Heureusement on va enchaîner presque aussitôt avec l’épisode le plus réjouissant du jour : à peine arrivés au col et engagés sur le fameux sentier qui file vers la paroi Est de la Grande Moucherolle, nous croisons plusieurs personnes qui nous disent d’un air gourmand : "Vous allez avoir une surprise". On s’y attendait un peu, mais lorsqu’on découvre peu après notre inévitable harde de bouquetins, on en reste quand même stupéfaits : elle a presque doublé de volume ! Jamais encore je n’en avais vu autant à la fois. C’est un spectacle en soi que cette énorme foule de quadrupèdes placides,  la plupart affalés dans l’herbe pour la sieste du jour, qui se laissent approcher et même traverser et filmer sans rechigner. Et le plus étonnant peut-être, c’est que les innombrables petits se sont constitués en bande à part, jouant et folâtrant entre eux dans une sorte de cuvette à bonne distance de leurs parents… Difficile de ne pas rester scotchés là un bon moment, tant pis pour le timing du jour !

Quand nous repartons enfin, c’est pour attaquer la partie du parcours que je redoutais le plus, à savoir l’ascension du raide et rocheux versant Nord-Est de la Grande Moucherolle. Eh bien ça a été un nouveau régal, la remontée des gradins est passée comme une lettre à la poste ! Il est vrai que je n’avais qu’à suivre Jean-François, guide parfait pour trouver la meilleure voie au milieu des blocs. 

Quant à l’étroite arête qui mène au sommet, elle est aérienne en effet mais là encore, je la passe sans sourciller. Je me surprends moi-même, car le sommet est là juste au-dessus et je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur… un peu comme sous le sommet de la Pointe Percée, mais dont le court passage d’arête aérienne m’avait davantage impressionné.

C’est l’heure de la détente et du pique-nique. Pour moi, c’est aussi la fin des difficultés, car le reste de l’itinéraire, me dis-je, eh bien c’est du déjà vu,..

Il est 14h quand nous entamons la descente. Et là, passés les premiers lacets, surprise : par deux fois, je suis un peu à la peine devant la quasi verticalité d’un premier, puis, plus bas, d’un second ressaut. Rien, dans mon souvenir, ne m’avait laissé cette impression lors de la redescente de cette voie "normale". Mais bon, il suffit de bien s’appliquer et ça passe.

Une fois au col, Jean-François me laisse le choix, pour monter à la Petite Moucherolle, entre le raide couloir en écharpe  qui y mène directement, et la longue mais très facile (fastidieuse ?) piste qui contourne d’abord la base de ce sommet par la droite. Pas d’hésitation : ce sera le couloir, il est vrai très impressionnant vu d’en face depuis la descente de tout à l’heure. De mémoire, j’avais grimpé ce couloir les doigts dans le nez. Et en effet, ça se confirme : que du plaisir ! A l’arrivée au sommet, je suis même déçu que la montée ait été si brève…

Cette fois, en haut de la Petite Moucherolle, il est passé 15h, et c’est un long retour qui nous attend. Mais qu’à cela ne tienne, le plus dur est fait et très bien fait, j’en suis tout ébloui, littéralement dopé par ce parcours de rêve que je viens de réaliser et que je n’espérais plus pouvoir faire.

Le retour final sera long en effet, très long. Pour ne pas arriver trop tard à… Saint-Etienne, il nous faudra même allonger le pas une fois redescendus du Pas de la Balme sur le magnifique sentier balcon à mi-pente qui va nous ramener petit à petit au parking de départ.

La descente vers le Pas de la Balme sera un peu erratique, nous perdons vite la trace mais c’est sans importance, on ne peut pas se tromper. C'est même un petit jeu imprévu auquel nous nous livrons volontiers : chacun suit sa voie perso et on se retrouve au Pas. Suit un dernier bout de vire sympa avant les longs lacets de la descente vers le sentier en balcon à mi-pente. Je ne me souvenais pas du superbe Mur des Sarrazins, petit joyau cueilli au passage… Mais ce ne sera pas le dernier plaisir du jour.

Même si, vers la fin, la fatigue se fait un peu sentir, elle se fait aussitôt oublier devant la magnificence des paysages au-dessus de nous au fur et à mesure de notre longue progression sur le facile sentier du Périmètre : en contreplongée à notre gauche, nous voyons défiler successivement nos deux sommets du jour, puis Agathe suivie de Sophie, nimbées d’une lueur crépusculaire… un vrai rêve éveillé !

Inoubliable journée ! Une de plus à inscrire dans ma liste des "plus belles", de celles qui marquent une vie d'insatiable arpenteur de sommets…

Creative Commons licence
Au coeur de la harde
Gros plan
Quelques grimpeurs
Bouquetins devant Sophie et le Col (vue arrière)
Versant Nord-Est de montée à la Grande Moucherolle
Dans les gradins de la montée
Dans les gradins de la montée
Sommet en vue
arête sommitale
Sommet inesthétique de la Grande Moucherolle
Dans la descente de la Grande Moucherolle
Petite Moucherolle et sa voie de montée depuis la descente de la Grande
Dans le couloir de montée de la Petite Moucherolle
Versant Ouest de la Grande Moucherolle depuis la Petite
Vire après le Pas de la Balme
Mur des Sarrasins
Des Moucherolles à Agathe, depuis le sentier du Périmètre
Les Deux Soeurs et leur Col depuis le sentier du Périmètre

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