La météo est formelle, le père Noël nous a amené dans sa hotte un soleil éblouissant alors, pour ne pas le décevoir et après notre délicieuse soirée du réveillon en famille, il est nécessaire de mettre le réveil en action pour l’allumage et feu vers les Pyrénées. Le Pic du Gar sera l’objectif du jour, cette immense sentinelle de pierre est dressée au-dessus du chalet qui a vu naître notre idylle..
Toute chose égale par ailleurs, j’arrive au village de Bezins entre loup et chien, au moment où les premières lueurs de l’aube font apparaître les montagnes en ombres chinoises dans un silence hivernal. Notez que les températures n’ont rien de sibériennes, à tel point que j’en laisse la veste dans la voiture. Peu après le départ, la lumière prend le pas sur les ténèbres et bientôt les sommets s’allument un à un. Le pic du Gar s’illumine brutalement, laissant apparaître des flancs jaunis sans aucune trace de neige. Mes grosses pompes sont superflues mais ce n’est pas grave. Quelques isards déboulent à toute vitesse montrant un caractère autrement plus farouche que nos habituels chamois dont la placidité les ferait plutôt ranger dans la catégorie des chèvres.
Au sommet le paysage est somptueux, les conditions aérologiques de vol absolument parfaites, la 112ème ascension du sommet s’annonce sous les meilleurs auspices. Le sommet ayant deux pointes, c’est du vrai sommet que je vais décoller, en étalant la voile précisément à l’altitude la plus haute. Si le terrain n’est pas des plus propices à l’envol, la brise idéale devrait permettre un essor confortable. Effectivement l’entrée dans l’espace aérien est une formalité, la voile monte résolument vers l’azur avant de me prendre en charge avec une douceur souveraine. Quant au vol, c’est de la gourmandise, les ascendances sont tendres, elles me bercent devant les magnifiques flammes de pierre, les grands rapaces, venus de nulle part, tournent maintenant avec moi dans une valse digne de Strauss.
Le vol se termine dans le champ repéré ce matin, là où la flamme que j’avais posée indique une brise encore descendante, comme la Garonne toute proche.