Le mauvais temps sévit durement au sud de la France mais nous sommes en marge de ce système dépressionnaire, météo France n’annonce rien de bon sauf aux alentours d’Albertville. C’est donc à la première heure du jour que je monte à mon site fétiche, Montlambert, dont la particularité est d’être à l’abri du vent tout en bénéficiant d’un micro climat. La balade, à travers les vignes d’abord, sous la frondaison de la forêt de chênes ensuite, est un perpétuel enchantement. Tant et si bien qu’une fois sur le terrain d’envol, le plan de vol est modifié, c’est à Saint Pierre d’Albigny, non loin du petit château jaune de Lourdens, que je vais me poser avant de remonter une deuxième fois par un petit sentier historique.
C’est un vieux chemin dénommé le sentier des Dames. En effet avant la construction de la route, les paysannes descendaient de Montlambert périodiquement avec des paniers chargés des produits de la ferme afin de les vendre au marché du village. Deux heures de marche sont nécessaires pour rallier le marché. Un petit ouvrage d’art romantique en diable permet de franchir le petit ruisseau du Morbier, c’est le pont des Demoiselles. S’il n’a pas l’envergure de celui de Toulouse, le franchir permet quand même de ressentir tout le poids de l’Histoire. Par le passé, les déplacements, pas toujours faciles, étaient la plupart du temps la résultante d’un travail souvent harassant, aujourd’hui il n’est plus utilisé que par des sportifs avides de course à pied, ou par des parapentistes venus étancher leur soif de loisirs aériens, curieuse évolution de notre monde dont nous ne nous plaindrons pas pour le coup.
Quoiqu’il en soit, je me régale une nouvelle fois à marcher dans cette nature à l’aspect maintenant hivernal. Toutefois aux Fougettes, il faut traverser une impressionnant petite cité de ruches, autant un détour est obligatoire en été, autant ces températures fraiches m’invitent à passer entre les petites boites parfaitement cubiques… Si l’activité des abeilles est au ralenti, elle n’en demeure pas moins réelle et au son des nuées d’insectes bourdonnants autour de mes oreilles, j’ai cru un moment que ces pauvres petites bestioles m’avaient pris pour une grosse fleur rouge. Elles m’ont suivi un moment avant de retourner à leur vaine recherche de pistil, denrée si rare en ce mois de novembre.
Au sommet pour la deuxième fois, je retrouve Gérard le homard, signe indiscutable de thermiques, avec son flair infaillible, il est toujours au bon endroit et au bon moment. Il est une nouvelle fois en compagnie fois du légendaire Thomas ! Le soleil n’est pas très volontaire et si l’air est montant, il n’est toutefois pas assez vigoureux pour nous tenir en lévitation au-dessus du site, mais il s’en est fallu de peu. Alors que je tourne au-dessus de l’atterrissage, j’observe Thomas qui nous gratifie d’une précision d’atterrissage impressionnante en se posant comme une fleur juste à côté de la zone de pliage avant de déposer délicatement la voile à l’endroit même où il va la plier. Fort de cette démonstration, je décide de faire de même, la tentative est envisageable compte tenu du dégagement possible des champs voisins qui me permettent une approximation que je crains inévitable. Et bien tenez-vous bien, contre toute attente, j’ai reproduit exactement la même figure que l’expert. J’en suis encore tout étonné mais il faut reconnaitre que devant Thomas je n’ai pas laissé paraitre ma stupéfaction, lui laissant croire à une figure parfaitement maitrisée !
On y aime la marche à pied ! Et plutôt deux fois qu’une !!