sortie : La réalité peut parfois rejoindre les rêves

Le Grand Pré, vu de son extrémité nord

Données de la sortie

  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • 30-07-2019
  • 8h
  • 1050 m

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Il ne me reste plus qu’une dizaine de mètres à remonter dans ce couloir pierreux, terreux, pour en arriver au bout, et je pourrai enfin savoir ce qui se cache derrière son collu. Oui, je suis pressé de savoir car je crains que son autre versant ne soit compliqué à franchir. Les analyses que j’ai tentées, d’après des photos faites de loin, m’amènent à penser qu’il pourrait y avoir là une zone terreuse également, pentue, voire très raide, étroite, et au-dessus d’une barre rocheuse. Je n’aime pas du tout ces pensées… Au pire cela pourrait signifier l’empêchement de continuer !  

Trois pas encore. Deux pas…

J’y suis.

Tout essoufflé d’avoir accéléré le rythme de montée sur la fin, le cœur battant beaucoup trop de cet effort imposé, les yeux ne sont plus capables de voir les choses ni les lieux. Je dois m’appuyer sur les bâtons et baisser la tête pour retrouver l’oxygène qui fait maintenant défaut à l’organisme.

Une goulée.

Une deuxième goulée…

Çà y est je peux ouvrir à nouveau les yeux, et lever la tête. Pour voir, enfin.

Ouf, tout va bien. La surprise est bonne, et la difficulté du passage n’existe en fait pas ! C’était une analyse erronée tout simplement.

Il s’agit donc d’un petit cirque, conique, large en partie haute et se resserrant vers le bas, comme un entonnoir dont les formes sont parfaites. En haut, la partie terreuse est en fait minime, et une trace de bêtes y est bien nette. La traversée ira donc très facilement. En partie basse, de l’herbe, verte et épaisse donne à ce lieu un air de perfection. Plus tard, en y réfléchissant, j’ai compris ce que  m’évoquait cet endroit : il m’évoquait un amphithéâtre romain, en miniature. Et la scène, où se déroulerait le spectacle, bien sûr inexistante en bas de l'amphithéâtre, aurait été renvoyée à un kilomètre de distance, sur la crête, en face, de l’autre côté du vallon de la Fauge.

Magique !

 

L’enchaînement des découvertes, sur cette vire des Agnelons, ne fut qu’un crescendo dans les bonnes surprises, et dans le plaisir qui en découlait. Chaque éperon, fermant la vue sur la suite, fournissait lorsqu’on y parvenait un panorama saisissant de beauté, où l’accueil chaleureux de ces près d’herbe épaisse se mélangeait à la sauvagerie des falaises du dessus. Nul doute que les sensations fournies par ces lieux, dans lesquels quelques sapins venaient mettre une touche de sérénité, procuraient un bien-être profond, et une joie hilare.

Je ne m’en privais pas…

 

Comme pour d’autres précédentes fois, l’idée de ce parcours de vire m’était venue en fin d’automne l’année dernière. C’était déjà bien trop tard dans la saison pour aller sur place voir ce dont il retournait. J’en étais réduit à faire des photos de ce versant, à chercher d’autres photos ailleurs, afin de comprendre ces lieux, et d’en imaginer la solution possible.

Imaginer…

C’est là tout le problème.

Car imaginer c’est inventer des idées. Peut-être est-ce aussi se « faire des idées ». Mais ce n’est pas forcement connaître la réalité, la réalité du terrain. Et donc cela mène à se raconter des rêves. Rêves dont on craint ensuite qu’ils ne fassent déchanter, quand l’été sera venu.

Mais imaginer, c’est aussi tout l’intérêt.

Car ces rêves poussent l’esprit à rester en éveil, à être actif, tout au long des nombreuses soirées de l’hiver, ces soirées où l’on n’a d’autre possibilité que de réfléchir et de préparer, car les vires en question ne sont pas  fréquentables en ces mois-là.

 

Voilà.

Huit mois ont passé.

Aujourd’hui je suis sur place, dans la réalité. Et cette réalité est magnifique. Aussi belle que mes rêves hivernaux les plus fous me l’avaient faite espérer.

 

Aujourd’hui, pour cette première fois, je suis passé par la Double Brèche, qui marque la séparation entre les rochers du Ranc des Agnelons au nord et la crête du Gerbier au sud. Monté par le côté est de la brèche, je suis redescendu côté ouest, d’une cinquantaine de mètres, pour arriver à hauteur de la vire. Et puis j’ai suivi, direction nord, le cheminement que les couches calcaires ont tracé, il y a quelques millions d’années plus tôt. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Toutefois, cette façon de procéder a un inconvénient : elle n'est pas idéale car il faut faire un aller-retour sur la vire. Ce n’est pas que ce soit laid, non, mais un parcours en boucle, montant d’un côté et redescendant de l’autre est plus élégant, et varié. Aujourd’hui je n’ai pas fait une boucle. Ce sera donc l’objectif d’une prochaine fois.

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Le Grand Pré toujours, mais au niveau des herbes
Le Grand Pré encore, mais cette fois vu de son extrémité sud
Petit intermède
Les Montagnes Russes, telles qu'elles me sont apparues
Les surprenants sillons des Montagnes Russes
Les toboggans parallèles
Sorties des toboggans du côté du couloir sous la Double Brèche
L'Autoroute qui mène au col de la Bascule

Commentaires

yougs
14-08-2019 14:46:56

Oui, de la lecture saine! merci

Luc
12-08-2019 10:09:44

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