Compte tenu de la présence d'un solide plafond nuageux occultant tous les sites de moyenne montagne, et ne voulant pas me mêler aux hardes de skieurs de randonnée qui s'agglutinent tous sur les mêmes spots, c'est encore une fois vers la Savoie et plus particulièrement le Montlambert que nous nous dirigeons. La météo jouit ici d'un microclimat dont il convient de profiter. C'est notre coin favori en ces temps neigeux, c'est un peu la routine même si aujourd'hui ce fut une vraie mésaventure.
En effet, alors que nous avançons à travers les vignes décharnées et couvertes de neige, deux molosses se précipitent sur nous, tous crocs dehors, la brutalité de l'attaque est sans précédent, les deux clebs ont décidé d'en découdre, ils foncent sur nous dans de rageurs aboiements... L'un d'eux jette l'éponge rapidement devant notre démarche volontaire mais l'autre est rempli de haine, rien ne semble entraver sa détermination sauvage. Ne voulant céder en rien, nous avançons sans faillir, alors le molosse change de tactique, il nous dépasse puis revient traîtreusement par derrière pour venir planter ses crocs redoutables dans la jambe de Jacques. Le futal est lacéré et c'est une chance qu'il ne manque pas un morceau de barbaque à sa cuisse. Néanmoins les blessures sont profondes. À ce moment, le chien a senti qu'il valait mieux se tenir à distance, armés d'un piquet de vigne, nous sommes prêts pour la contre-offensive , il n'aurait pas fallu que le clébard fasse une autre tentative.
C'est vers le vigneron, affairé dans ses vignes, que Jacques se dirige maintenant... Après lui avoir foutu une chasse dont il se souviendra longtemps, nous repartons vers le décollage. Nous croiserons plusieurs chasseurs, le premier remarque la morsure sanguinolente, nous lui racontons la mésaventure... Bien sûr qu'il connaît le molosse, il appartient à son connard de voisin, ses agressions sont courantes, aussi nous enjoint-il de porter plainte mais également de faire pratiquer une piqûre contre la rage... Plus haut d'autres chasseurs nous attendent, toute la montagne et déjà au courant de notre mésaventure, ils nous saluent respectueusement, comme s'il n'était pas si courant d'échapper à une attaque de ces cerbères dont la réputation sauvage s'étend bien au delà du hameau.
Bref nous n'avons pas vu passer la montée. Par un coup de bol insensé, le soleil pointe son museau au moment où nous arrivons sur le décollage. L'effet est quasiment immédiat, les flammes qui nous montraient un vent défavorable ne tardent pas à s'orienter correctement, laissant espérer un envol facile malgré la neige épaisse et profonde qui recouvre tout le décollage. Quelques minutes plus tard nous sommes prêts alors que Thomas, une légende de la CFD, arrive à son tour. Sitôt décollés, le thermique nous prend.... Hélas en ce jour le plus court de l'année, il ne faut pas espérer trouver des ascendances généreuses. Nous filons nous poser, suivis de près par Thomas... ce qui ne manque pas de nous rasséréner... si Thomas ne tient pas en l'air, c'est que personne ne peut tenir !
Au retour nous passons à la gendarmerie de Montmelian... celle-ci est fermée, mais un flic nous recommande de passer à l'hôpital avant de faire une déposition. Tu parle d'une journée !