Compte tenu de l'incertitude qui pèse sur le temps aujourd'hui, il faudra se contenter d'un sommet de proximité, dans le seul coin épargné du vent - d’après météo-parapente - , soit, nous verrons bien. Ce que j'ai vu, c'est du brouillard, ça c'est sur.
Parti depuis Boutière (trace N°553) par des petits sentiers bien humides, le temps semble tenir, pas ou peu de nuages, une brise insignifiante et une belle lumière. Seul ombre au tableau, l'herbe est gorgée d'eau, non pas de la rosée, mais bien des orages violents qui se sont abattus hier soir sur les flancs de la montagne. A la sortie de la forêt, un coup d’œil dans le rétro permet de voir que les nuages, qui viennent de faire une offensive, se sont une nouvelle fois retirés. Il aurait été préférable de partir une heure plus tôt au lieu de traîner ce matin à regarder les nouvelles du net... j'arrive au sommet en même temps que le ciel se bouche complètement :(
Comme le temps est rapidement changeant, je ne m’inquiète pas plus que ça. C'est quand il s'est mis à pleuvoir un quart d'heure plus tard que j'ai commencé à déchanter. L’ambiance est glauque dans ce brouillard terne et opaque. Pour ajouté au tableau, le vent se lève, un vent glacial et humide qui mouille tout sur son passage. Or, c'est aujourd’hui que j'ai oublié le futal, au bout d'une heure, je commence à désespérer, en plus, avec ce froid de canard, il ne manquerait plus que je chope une pneumonie... Une bonne quinzaine de personnes passent juste en dessous de moi sans même m'apercevoir, on aurait dit des fantômes qui passent lentement dans les brumes poisseuses. Au bout d'une demi-heure supplémentaire, le désespoir est à son paroxysme, je n'ai même pas de musique pour faire passer le temps. Cela dit le moral dans les chaussettes n'est vraiment pas un vecteur favorisant pour s’éclater à écouter quelques mélodies gracieuses.
Pour lutter contre le froid, il faut faire des va et viens, mais toujours dans la même trace, car cette humidité prégnante empêche toute évaporation des lourdes pluies sur les herbes qui ressemblent à des douches pour les chaussures. Et puis tout a coup, les contrastes sont devenus plus forts, des bribes de vallées apparaissent furtivement ici et là , par ailleurs de gigantesques cumulus dérivent lentement, s'il faut en croire le déroulement de la journée – et aussi les prévisions – cela devrait se lever, aussi il faut s'armer de patience. Effectivement une belle éclaircie se dessine dans un vent de sud-ouest toujours vigoureux. Ni une ni deux, il faut déplier la voile sur les herbes détrempées, pendant que l'éclaircie prend de l’ampleur. La voile est grossièrement étalée, avec cette brise parfaitement orientée et bien constante, cela ne devrait pas poser de problème. Effectivement la voile monte d'un bloc et me prend en charge instantanément. Je pense qu'un kador de l'Air Tour serait parti faire toutes les balises s'il avait décollé en même temps que moi, ca monte de partout dans de l'huile. Pour ma part une petite fléchette vers la Boutière me suffira largement. C'est une fléchette en tir balistique qui commence par une ascension permanente sur un longue distance avant de commencer à descendre. Les cumulus étant tout à fait inoffensifs, ce n'est que du bonheur. :)
A la Boutière le vent n'est absolument pas régulier mais les températures sont beaucoup plus fréquentables, il fait presque chaud. Il était temps de décoller car j'avais vraiment froid là -haut. Voila un vol dans de l'huile qui aura duré assez longtemps, pour mon plus grand plaisir. Mais le meilleur moment est bien l'envol auquel je ne croyais plus du tout. Orionde la généreuse veille au grain !