Décidément le printemps ne veut rien céder à l'été, toujours des nuages dans une instabilité marquée. Il faut vraiment y croire pour partir se promener avec une voile sur le dos. Compte tenu de la journée d'hier passée à de vagues activités domestiques heureusement extérieures, il n'est pas trop difficile de se motiver. Pas question cependant de nouveauté, les paramètres déjà trop aléatoires de la météo suffisent largement à entretenir l'incertitude qui donne toute la saveur à la sortie.
C'est ainsi qu’après plusieurs recoupements des infos, les Bauges semblent être une destination possible. Comme j'aime beaucoup ce massif, il ne faut pas trop me forcer. Déjà le ciel s’éclaircit à Ponchara, pour devenir franchement lumineux et bleu à l’approche de Chambéry. Quand je commence la marche, tout le parcours est en pleine visibilité, mais cela ne durera pas longtemps, des beaux nuages arrivent du sud et commencent à accrocher les grands épicéas sombres. C'est très beau quoi qu'un peu décourageant pour le parapentiste avide de grands airs que je suis. Le sentier est bien humide et les godasses vont devoir passer à la machine à laver. La prairie finale n'a de prairie que le nom, l'herbe y est rare, la terre, travaillée par les bestioles souterraines sans doute actives sous la neige hivernale est une gigantesque taupinière. Seules émergent ça et là de belles poussent vertes de grandes gentianes pointues comme des ogives dressées vers le ciel.
Au sommet c'est une petite brise de nord-est... Pour l'avoir pratiqué dans cette orientation, je sais qu'il existe un décollage possible, je cours y étaler la voile entre deux névés dégoulinant de petits ruisseaux de fontes. Si je ne vois pas l'attéro, en revanche le Col des prés est totalement dégagé. Il est donc possible de faire un vol ! La voile monte dans le ciel bien droite et sans à coup, le décollage est propre et tout en douceur, j'aime ça moi la douceur ! En contournant largement les reliefs et les nuages, je pense pouvoir aller à Thormeroz, et puis plus j'avance plus le paysage se découvre, il sera même possible pousser jusqu'à Puygros, comme prévu. Le vol sans être long est sympathique car on évolue en périphérie des grosses masses nuageuses et débonnaires.
Rien de bien nouveau mais le plaisir de marcher et de voler dans la foulée est intacte, voilà une activité qui permet vraiment d’être intégré dans le paysage et c'est bon de se sentir un élément du décor, les Alpes on y aime !
Finalement entre la préparation de l'aile dans la neige profonde et l'attéro dans l'herbe humide, les pompes ont retrouvé sinon leur lustre d’antan du moins une propreté compatible avec un rangement rapide sans nettoyage dans les étagères.