Enfin les conditions aériennes sont clémentes ! Profitons-en !
Bien que le spectacle Lyonnais auquel j'ai assisté hier soir n'ait absolument aucun rapport avec ce compte rendu, il n'en demeure pas moins vrai que cet opéra m’obsède durant toute la montée tant et si bien que j'en oublie de jouir du paysage qui se déroule derrière moi. La vue complètement dégagée depuis quelques belvédères me permet cependant quelques exclamations. Entre hier soir et ce matin, c'est un festival de sensations. Les nuages, nombreux ce matin, disparaissent un à un, laissant le champ à une luminosité intense qui éclabousse la verdure de la vallée pendant que la neige encore bien présente sur les sommets brille de mille feux. Ces puissants contrastes sont une merveille à l’œil, mais inutile d'essayer de prendre une photo, c'est trop... vraiment trop !
Nous ne croiserons pas grande monde, une jeune femme solitaire accompagnée de son Border-collie. La neige sur ce sommet rond est devenue rare, pourtant le mois dernier j'avais fait une tentative qui s'était soldée par un échec lamentable avec des raquettes récalcitrantes à la neige. Aujourd'hui seules quelques culées d'avalanches nous barrent la route mais la neige est dure, ca passe sans problème. La tranquillité au sommet est totale, comme si nous étions dans un autre monde, un monde ou rien n'existe que l'air et la lumière.
Il ne reste plus qu'a déplier les voiles sur cette immense plateau sommitale face à un Obiou fièrement dressé et couronné de quelques nuages lenticulaires du plus bel effet. La nature sait se montrer généreuse et chaque seconde est goutée à sa juste valeur. Luc décolle avec maestria dans une brise douce et reposante. Hélas pour moi, c'était la dernière bouffe du moment et je reste sur le carreau. Une première tentative échoue mollement, la voile refuse de monter, ma position étant trop prés de la cassure, pas possible de mettre la pêche, je comptais sur la brise thermique qui n'est plus.
Après un bref intermède de nouvelle préparation, l'envol se passe plutôt bien. Seul la clôture électrique en position hiver, qui trainait au sol se prend dans mes godasses. C'est pas faute d'avoir prévenu Luc de cet obstacle pernicieux. Enfin en tendant bien le pied en arrière le fil à glisser de la chaussure pour retrouver sa position d'origine, tapie dans l'herbe encore rase. Le vol ? ben ça thermique un peu partout sur la crête, pas étonnant à cette époque de l'année. Néanmoins compte tenu de l'heure avancée, des conditions qui deviennent vite infréquentables en fond de vallée, trois petit tours et puis s'en vont.
Au sol il fait une température délicieuse, un chien aboie au loin, la vie est trop belle pour prendre des risques inconsidérés. Voilà une bien jolie sortie sur ce sommet informe et pourtant si palpitant avec une voile sur le dos !