Comme le mouvement lent de la cinquième de Malher, le temps s'étire doucement sur ce beau sentier, couvert de feuilles en bas, durci par le gel en haut, et comme point d'orgue, l'apparition finale du Mont Blanc, étonnamment près, brillant dans la lumière de l'hiver, unique sommet immaculé dans tout l'horizon. L'air est calme, le soleil me chauffe doucement le dos pendant que j'observe l'immense chaos de pierres et de glaces, le spectacle est fascinant!
Au sud, la couverture nuageuse est sombre, les bauges se distinguent à grand peine, tout semble opaque et terreux, non vraiment c'est plus joli vers le nord! Le lac sous mes pieds est couleur pastel, parfaitement en harmonie avec la jaune pâleur du barrage. Par chance, une brise insignifiante souffle du nord, pourtant en montant par la commanderie, une belle brise montante laissait entrevoir un envol vers le sud, mais non, le décollage sera donc vers le lac.
L'envolée est longue à venir sur ce terrain peu raide où la brise est insignifiante,  le passage au dessus du barrage m'a semblé hypothétique durant quelques secondes tant la portance est mauvaise, et puis la cassure de pente est arrivée permettant un dégagement du relief et une suite plus sereine. Il est midi et pourtant l'atterro est encore à l'ombre, la voile ne sera pas humide, posée sur le givre blanc des quelques herbes qui couvrent encore la prairie.
Voila une petite promenade savoyarde des plus roborative par cette journée moins belle que tous ces derniers jours exceptionnellement radieux.