Sortie : Un vol somptueux

Nous ne volons pas souvent de la Dent, il faut dire que le décollage y est un peu plus engagé qu'ailleurs et c'est jamais bon quand on y va ! Durant la montée, je me remémore mon dernier vol qui date d'une dizaine d'années, je m'en souviens très bien puisque le lendemain j'avais chopé une phlébite au mollet gauche qui fut mal soignée. Ça s'est terminé aux Urgences avec une embolie pulmonaire... Funeste présage !

 

Nous laissons la voiture au col du Coq et entamons la marche dans une nature encore endormie. Il faut dire qu'il n'est que 8 heures, les touristes ne sont pas encore arrivés. Au col des Ayes c'est le calme plat, nous poursuivons la randonnée par le fameux Pas de l'Œil par un sentier bien gras de l'orage de cette nuit. Les passages d'escalade ont beau être faciles, quand on a les pieds pleins de boue c'est plutôt périlleux. Nous débouchons enfin sur le plateau de la Dent pour retrouver le soleil tant attendu. S'il n'y a pas beaucoup de vent, il souffle dans toutes les directions sans en préférer une. Alors rien ne presse, une visite à la croix s'impose, la vue y est incroyablement aérienne. Mille mètres plus bas, le plateau des Petites Roches est ourlé d'un feston de nuages des plus esthétiques. Il est 9h45 quand nous décidons de déplier les voiles vers le sud malgré la faiblesse des courants d'air.

 

Hélène se prépare et nous sommes un peu tendus, l'absence de vent ne simplifie pas le décollage. Par ailleurs, le côté oriental surchauffé de la Dent commence à générer une brise thermique des plus vigoureuses. Vers le sud en revanche c'est la pétole. Quand Hélène est prête, la plus grande patience est requise, le vent tourne et nous met la voile en vrac, la pression monte d'un cran mais Hélène se veut rassurante, il y a eu des bonnes options, il va y en avoir d'autres. Alors nous attendons.

 

Un quart d'heure plus tard, la brise se remet de face, c'est le signal, Hélène gonfle la voile sur le plat et s'envole à la cassure brutale de pente. C'est à ce moment que nous entendons au loin un "coucou Hélène" ! Trois parapentistes arrivent par le sangle de la barrière et je reconnais rapidement notre ami Fabien, grand motard devant l'éternel mais aussi parapentiste, tout comme nous ! Nos trois compères arrivent alors que je suis prêt au départ. Après de fraternelles salutations, je m'envole sans plus attendre, désireux de voler de concert avec ma douce. En contournant la Dent par le sud, j'entre dans un beau thermique avant de le perdre en fouinant devant la falaise orientale. Déçu de ne rien trouver plus loin, je reviens bien bas sur le pilier sud retrouver le seul thermique du coin. Pétard, il est toujours là et diaboliquement costaud. En quelques poignées de secondes je dépasse le sommet de la Dent !

 

Ma douce étant au loin, je préfère la rejoindre au-dessus du plateau dans une atmosphère bien plus sereine. La suite est une longue glissade ponctuée de quelques ascendances. 1700 mètres de dénivelé, ça laisse du temps à la rêverie. En bas tout est calme, encore faut-il remonter au col du Coq en stop. La manœuvre ne sera pas trop compliquée avec un vieux monsieur en Twingo que nous connaissons déjà puisqu'il nous a transportés jadis, un brave homme. Le deuxième véhicule est piloté par un parapentiste qui ne nous est pas inconnu non plus puisque c'est Julien du CHVD ! Merci à lui, grâce à sa générosité, la rotation n'a pas duré plus d'une demi-heure !

 

La Dent de Crolles est vraiment un beau site de vol rando, surtout quand les conditions sont bonnes.