Nous roulons vers St Honoré sans grand enthousiasme pour deux raisons. La première à cause de la neige qui ne s'annonce pas fameuse, la deuxième en l'absence de ma douce qui s'est blessée en parapente il y a deux jours. Mais cette balade est tellement belle que nous maintenons l'objectif avec mon cousin venu de la capitale pour skier, quand soudain résonne à la radio l'ouverture de Tristan suivi du monologue final de Isolde, il n'en faut pas plus pour me galvaniser.
La neige est bien présente sur le parcours, toutefois l'orientation occidentale des pentes traversées ne favorise pas le dégel, c'est du béton dans les traces. Les doux reliefs nous conduisent au lac Charlet complètement gelé, il ne manque plus que le haubois de Tristan pour nous croire en Cornouailles. La suite est une succession de vallons où la neige accroche bien. Le passage raide sera négocié à pied, pas la peine de mettre les couteaux pour si peu. Nous avançons jusqu'à la crête pour nous rendre compte de la désolation de la fin de la balade, le vent a décapé l'arête terminale. Ne reste que la glace et les cailloux ! Vincent gardera les couteaux jusqu'ä la cime pendant que j'ai une nouvelle fois remis les skis sur le sac.
Au sommet la vue sur les lacs est magique, comme Tristan, je regarde inlassablement onduler l'eau en attendant le retour de la bien aimée. Pour la descente je fais moins le malin. Se prendre une gamelle sur cette arête glacée et deversante de tous les côtés serait lourde de conséquences... On redescendra donc à pied jusqu'au col où nous trouvons un endroit parfait pour la pause méridienne. Nous attaquons le retour à 13h30 mais la bise glaciale n'a pas permis à la neige de ramollir, nous entamons maintenant une descente parfaite pour vérifier la qualité des chaussettes. En effet, les trépidations incessantes sur les traces gelées sont un excellent test car mes chaussettes ne sont pas descendues ! Pour corser la difficulté, nous empruntons un raccourci fort raide toujours sur une glace dure comme le diamant. La pente dans ces conditions est terriblement effrayante ! Ce qui n'empêche pas mon cousin de sauter par dessus des rochers !
Lassés des traces vergelées, nous optons pour un itinéraire bis en versant ombragé qui devrait nous permettre de profiter d'une bonne neige même si cette variante nous fait atterrir plus bas que le parking du départ. Bonne pioche, cette option nous sauve la descente avec une neige fraîche presque poudreuse. C'est tout contents que nous retrouvons la voiture où la température est toujours négative. Impossible alors de ne pas montrer à mon cousin la friche touristique de Saint Honoré, visite Urbex comme on les aime. Un tag illustre d'ailleurs parfaitement le mythe de Tristan !
Conditions : températures négatives toute la journée mais grand beau
parking : impeccable 1500
Conditions pour le ski : bof, neige trafollée et complètement gelée a cause du vent glacial arête sommitale inskiable ! De la glace et des cailloux