Ce matin il faut aller chercher la remorque à Voreppe chez Jeannot, je vais en profiter pour aller faire un achat de première nécessité à l’Abbaye de Chalais qui est juste au dessus. Il s’agit bien sûr des fameux biscuits que confectionnent les nonnes depuis des années. Muni de ma précieuse attestation, me voilà parti par les sentiers depuis la vallée au Chevalon de Voreppe. J’ai toujours pensé qu’il était préférable de se rendre à pied dans un lieu sacré, même si je ne suis pas encore assez cinglé pour y aller à genoux...
Il faut suivre la piste qui devient chemin avant qu’il ne se transforme lui-même en un minuscule petit sentier fort bien tracé. L’arrivée sur le plateau du monastère est toujours un grand moment. Dans un silence devenu total avec l’altitude, les splendides bâtiments de l’ensemble sacré apparaissent entourés des nimbes d’un brouillard qui se dissipe lentement. Il règne ici une quiétude que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. L’herbe rase et toujours verte entoure la pierre de calcaire jaune, dans le parc, des arbres presque millénaires, aux branches dépourvues de feuilles, sont fantasmagoriques. Personne, absolument personne ne semble présent. Pourtant quelques cheminées fument doucement, attestant d’une discrète présence. Alors je me dirige vers la chapelle aux formes harmonieuses. Un petit cimetière jouxte l’entrée, on y trouve une vingtaine de modestes croix de bois, l’une d’elle est encore vernie, la terre tout autour est fraîchement retournée, sur la croix : Sœur Marie Josèphe 1918 – 2020
A ma grande surprise, la chapelle est chauffée, alors je m’installe sur un banc, sors les écouteurs et lance sur le Wiko le « Beata Viscera » chanté par l’ensemble Vox Clamantis... Je ne sais pas si Dieu existe, mais une chose est sûre, cette musique en ce lieu tend à me faire penser qu’il existe une autre dimension. C’est pas le tout mais cette expérience mystique ne saurait me faire oublier ma quête de sommets, je dois encore monter jusqu’à la cabane de la Roize. Elle n’est pas très éloignée et rapidement j’arrive à l’objectif qui est heureusement au soleil. Le sol verglacé fume sous les doux rayons lumineux, la pause est agréable. Il ne me reste plus qu’à descendre par un autre chemin, passer acheter les fameux biscuits à l’Abbaye et boucler par le nord de l’aiguille pour ainsi en faire le tour anti horaire.