Après deux jours de pluie, la météo annonce une notable amélioration. Elle arrive samedi, tant mieux pour les travailleurs, tant pis pour les autres. Tout a d’ailleurs très mal commencé, en arrivant sur le petit parking de Saint Nizier, il faut trouver la dernière place libre. Alors que nous faisons une manœuvre pour nous y garer, une autre bagnole nous coupe la route et s’y pose comme un malotru... J’enrage. Finalement la petite Twingo nous permet de nous intercaler en épi entre les deux seules voitures garées en créneau. Il reste trois centimètres de chaque côté des portes. Pendant ce temps là, la connasse toute ridée qui nous a volé la place sort de sa bagnole et parade... Je lui lance une remarque désobligeante avant de partir skis aux pieds vers le sommet.
Contrairement à la solitude pyrénéenne, notre objectif du jour, le Moucherotte, est le même que pour une bonne centaine de grenoblois. Au départ nous sommes tous à la queue leu leu, suivi de près par deux dindes qui cancanent à n’en plus finir, j’écoute distraitement leur dialogue « Mon mec il est trop fort » dit la rousse à la grande bringue, édifiant. Bref nous regrettons les grands espaces vierges du Luchonnais. Toutefois en prenant de l’altitude, nous passons au dessus de la mer de nuages et la beauté du paysage nous rassérène peu à peu jusqu’à nous enthousiasmer, c’est d’une beauté à couper le souffle. Les sapins caparaçonnés de glace sont superbes tandis que la mer de nuages offre un arrière plan vertigineux. Par ailleurs la foule initiale se disperse lentement pour rendre à la montagne un semblant de sauvagerie qui lui sied si bien. Le reste de la balade est un enchantement permanent. Depuis le sommet, la vue plongeante sur la terrible face orientale laisse entrevoir quatre chamois en contrebas qui avancent péniblement sur une croupe abondamment neigeuse.
La descente sera amusante sans que nous retrouvions les grands espaces vierges de toute trace auxquels les Pyrénées nous avaient habitués. Peu importe, la montagne est magnifique et le temps aussi, alors nous dévalons les pentes avec cette aisance que nous donnent les skis, c’est mieux qu’à pied c’est sur. Pour finir nous retrouvons tout en bas la petite Twingo intacte, même pas défoncée par les deux bagnoles en créneau que nous avions bloquées malgré nous, c’était pas la peine que je me fasse du mouron durant toute la montée !